La transmission culinaire d’Hélène Laurendeau

Hélène Laurendeau offre dans son livre 90 recettes, de l’entrée au dessert, entrecoupées de confitures, sauces et accompagnements.
Photo: Marie-Fance Coallier Le Devoir Hélène Laurendeau offre dans son livre 90 recettes, de l’entrée au dessert, entrecoupées de confitures, sauces et accompagnements.

Et si le secret d’un bon livre de recettes passait par la famille ? Par ces plats maintes fois répétés au fil du temps, des favoris qui survivent aux modes. C’est du moins l’idée qui a germé dans la tête de la nutritionniste Hélène Laurendeau et qui a fleuri en un recueil de 208 pages intitulé Ma cuisine.

Au bout du fil, on sent tout de suite le sourire dans sa voix. C’est qu’Hélène Laurendeau n’aurait jamais pensé un jour composer son propre livre de recettes. Ce projet pandémique entièrement mitonné et photographié dans son chalet de Lanaudière, c’est la faute de sa fille Juliette Filion, qui avait joué à l’archiviste pour lui faire plaisir il y a quelques années. Elle figure d’ailleurs, tel un clin d’oeil, sur la page couverture. Ce répertoire numérique des plats chéris de la famille avait rapidement capté l’attention des proches qui réclamaient une véritable version papier.

Le résultat offre 90 recettes, de l’entrée au dessert, entrecoupées de confitures, marinades, sauces et accompagnements. À travers les spécialités familiales et certains classiques québécois adaptés pour les rendre meilleurs pour la santé, Hélène Laurendeau y joint des recettes d’amis, de chefs inspirants et des mets puisés lors de ses nombreux voyages. « Je ne voulais pas faire un coffee table book, mais plutôt un livre utile qui va réellement servir, qui va être taché, s’enthousiasme-t-elle. Ce sont des recettes de tous les jours que je fais encore et que mes enfants me demandent quand ils sont à la maison. Il y en a qui viennent de gens qui ne sont plus là et ça me touche beaucoup parce que ça rend leur mémoire vivante. Comme ma belle-maman d’origine ukrainienne qui nous avait appris à faire les blintzes, de petites crêpes farcies de fromage cottage. Ou encore la torta caprese d’Edda, dont j’ai vu la version d’origine manuscrite. »

Elle indique au début de son livre que « partager une recette n’est pas un geste banal ». Dans cette transmission, Hélène Laurendeau estime que l’on propage à la fois du plaisir, des souvenirs, des connaissances culinaires et, plus que tout, on immortalise un savoir. C’est avec ces notions en tête qu’elle a donc détaillé chaque méthode de préparation et annoté chaque recette. « J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir sur la façon d’expliquer le plus simplement et le plus complètement possible. » Son talent de vulgarisatrice, elle le doit sans doute à son père, un chirurgien qui aimait expliquer son travail à ses enfants curieux. « Je trouvais ça remarquable. Et je me souviens, lorsque j’ai été diplômée en nutrition, je m’étais donné comme défi de prendre mes connaissances et les donner au plus grand nombre. »

Grande consommatrice de livres de cuisine, elle s’est inspirée, entre autres, de Patricia Wells et de Daniel Pinard dans l’écriture des recettes. « Je l’ai rédigé avec l’intention d’expliquer suffisamment, d’être là dans la cuisine avec eux. Comme un petit oiseau au-dessus de leur épaule qui leur dit : “Attention, ça risque de coller, brasse bien.” Je veux que les gens sentent qu’ils peuvent les réussir à la maison. »

Une cuisine pour tous

Son souci d’accessibilité s’est aussi transposé dans la production du livre. Toutes les recettes ont été cuisinées avec sa famille et ses amis sur une modeste cuisinière à serpentins dépourvue de hotte, puis photographiées dans la salle à manger attenante. Le style réaliste des images ajoute une touche de simplicité. « Je voulais représenter la vraie vie dans laquelle les aliments humbles ont une place de choix. Je tenais à démontrer que bien manger, c’est possible pour tout le monde. »

Ce sont des recettes de tous les jours que je fais encore et que mes enfants me demandent quand ils sont à la maison

 

La nutritionniste espère qu’elle saura rallier les gens dans la cuisine, notamment les enfants. « Je trouve ça important de les impliquer tôt, souffle-t-elle. C’est de la magie pour eux ! On entend souvent dire que la cuisine, c’est long, c’est fastidieux, mais on entend rarement dire que c’est un moment de bonheur, que ça sent bon dans la maison, qu’on partage un moment avec les enfants qui reviennent de l’école. Je suis convaincue que la cuisine sert à nous rattacher les uns aux autres. »

Plus que tout, Hélène Laurendeau souhaite donner envie aux familles de rassembler leur héritage culinaire ; ces recettes souvent pêle-mêles qui définissent leurs racines et leur histoire. « J’aimerais leur dire : “Allez donc par là. Elle semble être là, la solution au plaisir de cuisiner.” »

Ma cuisine

Hélène Laurendeau, Saint-Jean Éditeur, Laval, 2023, 208 pages

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