«Vie, mort et vieillesse d’une femme du peuple», Didier Eribon

Après Retour à Reims, un ouvrage aussi éclairant qu’émouvant, incontournable pour qui s’intéresse à la notion de transfuge de classe, le philosophe et sociologue français Didier Eribon est de retour sur le territoire de l’intime avec un essai dont l’écriture a été déclenchée par l’admission de sa mère en maison de retraite, un établissement où la dame de 87 ans va mourir seulement quelques semaines après son arrivée. Avec autant de sensibilité que d’érudition, l’intellectuel sonde les déterminismes sociaux en s’appuyant sur toute l’existence de sa mère. En émaillant son récit de percutantes analyses sociologiques, de vibrants plaidoyers politiques et de judicieuses citations littéraires — notamment tirées du poignant Livre de ma mère d’Albert Cohen —, Eribon scrute son rapport (et celui de ses contemporains) à la vieillesse, à la maladie et à la mort. Le portrait qu’il dresse de sa mère, cette « femme du peuple » capable de solidarité populaire aussi bien que de racisme ordinaire, est d’une admirable complexité.

 

Vie, mort et vieillesse d’une femme du peuple

★★★★

Didier Eribon, Flammarion « Nouvel avenir », Paris, 2023, 336 pages

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