Québec bonifie son plan vert, sans le détailler

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, pourra compter sur 1,4 milliard de dollars de plus sur cinq ans, « principalement en provenance du marché du carbone ».
Graham Hughes La Presse canadienne Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, pourra compter sur 1,4 milliard de dollars de plus sur cinq ans, « principalement en provenance du marché du carbone ».

Le plan québécois de lutte contre les changements climatiques subit une nouvelle poussée de croissance, mais le gouvernement de François Legault évite de dire comment et à quel moment il utilisera ses nouveaux revenus issus du marché du carbone.

Pour une deuxième année consécutive, Québec profite du dépôt du budget d’Eric Girard pour bonifier le plan de mise en œuvre du Plan pour une économie verte (PEV). Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, pourra compter sur 1,4 milliard de dollars de plus sur cinq ans, « principalement en provenance du marché du carbone ».

Ces revenus portent à 9 milliards de dollars le budget total du PEV, le principal outil du gouvernement Legault pour lutter contre les dérèglements climatiques. Celui-ci s’élevait à 7,4 milliards de dollars l’an dernier. « On prend ça extrêmement au sérieux », a lancé mardi le ministre des Finances, Eric Girard, en conférence de presse.

Petit bémol, cependant : contrairement à l’exercice 2022-2023, le budget ne révèle pas à quel moment ces nouvelles sommes seront déployées. Le plan de mise en œuvre, qui doit paraître ce printemps, n’est pas prêt. Impossible par ailleurs à ce stade-ci de connaître les mesures précises que financeront ces nouvelles ressources.

Se lancer dans le « Fonds bleu »…

En plus d’augmenter les investissements destinés au « plan vert », le gouvernement Legault saute à pieds joints dans la protection de l’eau. Eric Girard a mis 500 millions de dollars de côté dans son budget pour lancer le « Fonds bleu » promis par la Coalition avenir Québec en campagne électorale.

Les redevances exigées des entreprises qui prélèvent l’or bleu des lacs et rivières du Québec serviront en « partie » à le financer. Benoit Charette a déjà promis qu’il rehausserait « substantiellement » ces recettes, qui s’élèvent actuellement à 3 millions de dollars par année. Le Fonds bleu servira notamment à « améliorer les connaissances concernant l’évolution de l’état de la ressource en eau sur le territoire ».

Dans le cadre de la Conférence des parties sur la biodiversité (COP15) tenue en décembre dernier à Montréal, M. Charette avait par ailleurs promis que le Québec atteindrait dans les temps les objectifs internationaux de conservation de la nature — soit protéger 30 % du territoire d’ici 2030. Pour ce faire, Québec mise sur un « Plan nature » d’une valeur de 443 millions de dollars, qui prévoit notamment la protection de nouvelles aires naturelles et la conception de plans de rétablissement d’espèces menacées.

… et y aller à fond dans les routes

Même si les émissions de gaz à effet de serre issues du transport ont augmenté de 16 % entre 1990 et 2020 — selon le bilan climatique du Québec présenté en décembre —, les investissements gouvernementaux prévus pour les routes augmentent encore. Des sommes de 31,5 milliards pour leur entretien et leur bonification ont été inscrites dans le Plan québécois des infrastructures 2023-2033, comparativement à 30,7 milliards l’an dernier.

En comparaison, les investissements dans les transports collectifs frôlent les 14 milliards.

Pour assurer le maintien d’une offre de service suffisante, Québec délie toutefois les cordons de sa bourse. Cette année et l’an prochain, les organismes de transport collectif pourront bénéficier d’aides d’urgence de 400 millions de dollars. L’Association du transport urbain du Québec anticipait des déficits de 560 millions de dollars cette année.

Avec Laurianne Croteau



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