À grappiller pendant qu’il en reste

Jean Aubry
Collaboration spéciale
Château La Tour de By
Photo: Jean Aubry Château La Tour de By

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Quelques vins à dénicher et à déguster avant qu’ils ne disparaissent des tablettes.

Chardonnay 2022, Budureasca, Roumanie (16,95 $ – 14965532)

Roumanie, Hongrie, Bulgarie, Croatie… des pays vinicoles qui ne font pas nécessairement jaillir des sommets d’exclamations chez l’amateur de vin de chez nous. Ce blanc sec bio simple, moderne et un chouïa prévisible tout de même n’égosillera certes pas les plus hardis, mais confortera les amateurs de vins ronds et généreux, bien fournis en textures. (5) **

Barbera D’Asti 2021 « Valmorena », Marchesi Incisa della Rocchetta, Piémont, Italie (21,60 $ – 12661480)

Je regrette simplement de ne pas être monté au créneau plus rapidement en vous proposant ce rouge d’excellente tenue vendu à prix tout aussi performant. Vos pasta al ragù y seront si sensibles qu’elles auront l’impression de s’élever en raison de la merveilleuse acidité qui, combinée aux tanins mûrs de l’ensemble, donne rapidement à boire un autre verre de vin. Bref, encore une fois, un rouge très pur, édifiant, fort digeste. (5) ***

Cinsault 2021, Natte Valleÿ, Afrique du Sud (22,30 $ – 14893073)

Des cinsaults comme ça, moi, je prends ! L’ambiance est déjà à la fête aromatique, mais aussi gustative en raison de la faible alcoométrie de ce rouge léger, de son acidité altière et de son fruité épicé dont a peine à s’extirper tant il est digeste et intègre. Le servir comme ça, bien frais, à l’apéro, pour voir se dessiner des sourires parmi vos amis attablés aux conversations les plus fluides. (5) ***

Müller Thurgau 2021, Cantina Toblino, Trentino, Italie (24,60 $ – 15180403)

Vin blanc sec bio d’altitude et de lumière, ce müller thurgau étonne surtout par son appétence saline qui, sur un ensemble léger et croquant, trace au palais une courbe ascendante, très pure, fort dynamique. Idéal à l’apéro sur quelques cromesquis au riz et petits pois et autres ceviches. (5) ***

Rosé de Loire 2022, Thibaud Boudignon, Loire, France (26,10 $ – 14729313)

J’aime les vins vivants de Thibaud Boudignon. Ils ont des ailes et du tranchant, une dynamique articulée autour de fruités qui, tel le rire cristallin d’un enfant heureux, en traduit l’innocence et l’intégrité naturelle. Ce rosé à base de cabernet franc, où le grolleau s’affiche en retrait, joue de tension et de notes de fraises poivrées dans une ambiance légère, mais aussi hautement tactile. Un rosé qui fait du bien. (5) ***

Domaine La Saumade Cuvée Prestige 2019, Rasteau, Rhône, France (28,15 $ – 13387339)

Ce cru de la famille Romero a déjà été nettement plus concentré. On ne lui en tiendra pas rigueur, car il double ici sa proposition d’un élément tactile où le velouté de texture lui assure une part inégalée de finesse, d’élégance. Grenaches, syrahs et mourvèdres cohabitent harmonieusement sur un ensemble fruité et épicé avec une touche animale de cuir fort séduisante. Un rouge qui sent bon la rentrée et ses tablées où les ragoûts fumants font leur apparition. (5) ***1/2

Montessu 2020, Isola dei Nuraghi, Sardaigne, Italie (28,30 $ – 11098322)

Il est des cépages porteurs fort bien adaptés à leur environnement. Le carignan noir qui assoit cette cuvée (complété de syrah et des cabernets sauvignon et franc) est celui qui trouve en Sardaigne une niche incontournable. Vin de corps et de nuances au bouquet riche, à la fois épicé et animal (cuir frais), végétal (tabac) et fruité (cassis, mûre, canneberge), doté d’une longue, d’une formidable amertume en finale. Vin de nuit et de gibier, de confidences et de rêves à venir. (5+) © ***1/2

La Rectorie « Côté mer rosé » 2022, Collioure, France (28,45 $ – 11632441)

Les frères Parcé vous déroulent un velouté saumoné de textures si dense et si tactile que l’on a l’impression de survoler un panier de fruits bien mûrs où melon de Cavaillon, pêche, fraise, mirabelle et tutti quanti épousent ici une bouche qui ne manque ni de sève ni d’ampleur. L’ensemble, peu acide, offre caractère et puissance sur une finale à peine saline qui étire le tout. Tiendra bien sur un ragoût d’agneau-ratatouille. (5) ***1/2

Côte de Beaune-Villages « Coeur rubis » 2020, Émile Chandesais, Bourgogne, France (32 $ – 15117113)

L’impression fruitée d’un gamay s’est, au premier coup de nez, transportée vers des notes de pinot qui « pinotent » allégrement et sans détour après quelques minutes dans le verre. Un pinot juvénile et cabotin, frais, jeune, bien dans sa peau et heureux de l’être, avec une jolie matière mise en relief sans l’intégration de souvenirs boisés pour en altérer la détermination. Un rouge souple et bien frais, plutôt simple d’expression, doté d’une gourmandise assurée. Poulet rôti ou petites charcuteries conviendront ici. (5) ***

Chardonnay 2021, Schug, Carneros, Californie, États-Unis (36,50 $ – 11089910)

Le fruité sourd ici de la bouteille telle une fraîcheur soudaine au contact des pores de la peau, avec une apaisante sensation de bien-être. Flaveurs animées sous des textures crémeuses où le boisé épicé soutenu par la poire et le citron confit filent avec élégance sur une finale précise, de belle longueur. Classique. (5) ***

Chardonnay « Historic Rows » 2020, Catena Alta, Mendoza, Argentine (41,25 $ – 14778585)

On s’incline ici devant ces parcelles historiques de chardonnay (vignobles Domingo et Adrianna) qui livrent, sous le doigté précis et inspiré de Laura Catena (4e génération), un blanc sec d’une ampleur et d’une élégance manifestes. Le bouquet est large mais fin, légèrement grillée et vanillé, porté par des nuances de pêche au jus et de citron mûr qui jouent de textures et de longueur dans un ensemble d’une harmonie parfaite. Bien sûr que vous pouvez comparer le tout à la Bourgogne. C’est votre droit, même s’il a une tête de Rully 1er cru ! (5+) © ****

Brunello di Montalcino 2018, Tenuta di Sesta, Toscane, Italie (51,50 $ – 11039331)

Ce sangiovese nous fait rêver l’époque du néoréalisme italien avec les Rossellini, Visconti et autres Vittorio De Sica, son rouge évoquant les pigments suggestifs des films en noir et blanc dont la texture de grain épouse à merveille ici celle du vin. Un mystère, une nostalgie, pour ne pas dire un romantisme s’en dégagent en raison d’un côté vieillot patiné par le temps, mais surtout par des foudres qui s’en font l’écho silencieux. Le bouquet s’en trouve rehaussé, fleurs fanées, cuir et tabac frais sur fond de tanins fondus mais fermes sur la finale. Laissez les paupiettes de veau farcies avec champignons et fromages vous convaincre de rêver un peu plus. (5+) © ***1/2

Champagne Hughes Godmé « Jardins Premiers » blanc de blancs, Champagne, France (84,75 $ – 15155785)

Que du bonheur ! Cela, bien sûr, dégagé par la qualité de ce beau champagne, mais aussi par l’agence québécoise WINO qui a su dénicher la pépite parmi les milliers de candidats champenois. Comment d’ailleurs résister au chardonnay de Verzenay ? Je vous mets au défi ! Je soupçonne l’artiste Hughes Godmé d’être un tendre, un sensuel, un méticuleux qui connaît ses parcelles comme ses enfants (dont sa fille Cécile, qui vient de se joindre au domaine) en livrant cette bulle fine, florale et saline évoluant dans un écrin peu dosé, souverain par son équilibre, sa longueur. Un champagne bio qui repousse l’hiver pour déjà mieux embrasser le printemps! (5) ****

 

Explication des cotes

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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