«Wollstonecraft», Sarah Berthiaume

Dans cette pièce à quatre personnages créée au Quat’Sous en avril dernier, irrésistible satire de notre époque délirante, Sarah Berthiaume emprunte très adroitement à la vie de l’écrivaine britannique Mary Shelley et à son mythique Frankenstein (1818). L’héroïne, Marie, tente de garder le cap dans un monde à peine plus désaxé que le nôtre. Encore sous le choc des mauvaises critiques qu’a reçu son plus récent roman, l’autrice consacre toutes ses énergies à concevoir un enfant, mais les fausses couches se succèdent. Son conjoint, Perceval, écrit de la poésie à l’aide d’un algorithme. Son amie Claire, une ancienne comédienne, est devenue vendeuse de produits Tupperware. Un jour, Marie se prend pour le Dr Frankenstein et « donne naissance » à une créature qui va entraîner l’action sur un territoire franchement apocalyptique. Berthiaume aborde une fois de plus des sujets graves avec une délectable ironie. Portée par une vive dénonciation, mais sans jamais faire la morale, cette pièce est un puissant remède à l’anxiété générée par notre ère.

 

Wollstonecraft

★★★ 1/2

Sarah Berthiaume, Ta Mère, Montréal, 2023, 176 pages

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