La Maison Théâtre, en harmonie avec la jeunesse

Sophie Labelle, directrice artistique de la Maison Théâtre
Marie-France Coallier Le Devoir Sophie Labelle, directrice artistique de la Maison Théâtre

Que de chemin parcouru depuis Pleurer pour rire de Michel Sabourin, première pièce présentée à la Maison Théâtre en 1984, jusqu’à Une petite fête. Cabaret de la dissidence de Martin Bellemare et Marie-Ève Huot, que l’on pourra découvrir cet automne. Quarante années pendant lesquelles les artisans et artistes ont forgé ce haut lieu de diffusion en ayant d’abord et toujours en tête d’offrir le meilleur théâtre aux enfants et aux adolescents.

Fondée en 1982 par Le Carrousel, le Théâtre de l’Oeil et le Théâtre de la Marmaille (aujourd’hui le Théâtre des 2 mondes), la Maison Théâtre permet de diffuser une diversité de propositions aux enfants et aux adolescents. Et depuis ces premières pièces audacieuses qu’ont été Cé tellement « cute » des enfants (1974) de Marie-Francine Hébert, Pleurer pour rire de Sabourin, la Maison Théâtre — et le théâtre jeunesse — a nécessairement évolué, mais toujours en phase avec les spectateurs, s’accordant à leur rythme et à leurs goûts.

Selon Sophie Labelle, directrice artistique de la Maison Théâtre, l’évolution de cet espace de diffusion reste en symbiose avec son époque. Depuis ses débuts, « il n’y a rien qui a changé au niveau de la mission, au niveau des valeurs, au niveau de la qualité du théâtre qui est présenté. Je dirais que ce qui a changé, c’est de quoi on parle dans les pièces […] Il y a 40 ans, on n’aurait pas eu une oeuvre qui aborde l’identité de genre, comme l’année dernière [Soeurs sirènes, d’Élie Marchand]. Je dirais que les préoccupations des artistes comme celles des enfants et des ados changent », raconte-t-elle au bout du fil.

Et, avec eux, change aussi une certaine façon de faire le théâtre jeunesse, de jouer avec la forme, d’oser sur le plan dramaturgique. « […] On a eu des créations collectives au début. Après ça, on a eu le règne de l’auteur et de l’autrice qui a mis littéralement le théâtre jeune public québécois au monde, entre autres à l’international avec Suzanne Lebeau, Michel Marc Bouchard et Histoire de l’oie, Jasmine Dubé, etc. Ces auteurs-là ont contribué à faire du théâtre jeunes publics québécois un théâtre apprécié partout. Et là, on continue à voir ces auteurs qui travaillent encore, mais on a d’autres personnes, comme Liliane Boucher, Érika Tremblay-Roy, du Petit Théâtre de Sherbrooke, qui travaille souvent à l’écriture de plateau avec un chorégraphe. Donc, les rôles sont moins prédéterminés. On a des créateurs et des créatrices qui font de tout et qui sont multidisciplinaires, comme Nathalie Derome, Karine Sauvé », explique-t-elle.

Une grosse saison

Dans cet esprit de théâtre diversifié, mouvant, cherchant à renouveler la dramaturgie tout en répondant aux échos d’un public curieux et exigeant, Sophie Labelle offre, pour souligner les 40 ans, comme elle le dit, une « grosse saison ».

Parmi les nombreuses propositions, deux pièces créées par deux des trois fondateurs de la Maison Théâtre participent de cette programmation. D’abord, Martin Bellemare et Marie-Ève Huot, directrice artistique du Carrousel, présenteront en octobre Une petite fête. Cabaret de la dissidence. « Ce sont de courtes vignettes humoristiques, mais en même temps avec des questions philosophiques […]  Les jeunes seront amenés à réfléchir sur les notions d’obéissance et de désobéissance, sur leur utilité, sur l’importance de revendiquer plus de liberté. Il y a aussi une couple de règles qui vont être remises en question. Ça va faire du bien aux enfants », explique la directrice artistique.

Écrite par Fanny Britt et produite par le Théâtre de l’Oeil, 176 pas plonge quant à elle les spectateurs dans un tout autre univers. « On est devant une proposition plus narrative. On a une histoire avec un début, un milieu, une fin. Des ressorts dramaturgiques, des événements qui se passent et font évoluer les personnages. C’est l’histoire d’une rencontre entre deux enfants et leur évolution à travers cette amitié qui va leur permettre de dépasser certaines barrières qu’ils ont, l’un et l’autre, à l’intérieur d’eux-mêmes […] Chose assez rare dans le théâtre jeunesse public, c’est un spectacle d’époque. Ça se passe, on pourrait dire, dans les années 1920 et on est quelque part en Gaspésie, sur le bord de la mer », raconte Sophie Labelle. Plusieurs autres pièces et événements souligneront bien sûr les 40 ans de la Maison Théâtre, qui veut avant tout célébrer la jeunesse et lui donner la parole. À suivre.

À surveiller

À ne pas manquer aussi cet automne, Vacarmes. Le concert théâtral, un théâtre musical écrit par des artistes de la relève en collaboration avec plusieurs adolescents et mis en scène par Héloïse Desrochers. À la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier, du 28 novembre au 16 décembre.

À L’Arrière Scène, Valérie Dunn, en collaboration avec Guillaume Lessard, propose Hercule et Naïade. La pièce met en scène deux adolescents qui, portés par leur imagination, apprennent à s’affirmer. Du 22 au 26 octobre. Pour les 8-12 ans.

Histoire pour faire des cauchemars est présenté cet automne au théâtre Les Gros Becs à Québec avant de rejoindre la Maison Théâtre du 11 au 24 mars. Une pièce du Théâtre La Bête humaine dans laquelle on célèbre l’imaginaire de deux enfants qui se racontent des histoires étranges. Du 19 au 31 octobre. Pour les 8-12 ans.

Une petite fête. Cabaret de la dissidence

Texte: Martin Bellemare. Mise en scène : Marie-Ève Huot. Une création du Carrousel. À la Maison Théâtre, du 12 au 22 octobre.

176 pas

Texte : Fanny Britt. Mise en scène : Marie-Josée Bastien et Simon Boudreault. Une production du Théâtre de l’Oeil. À la Maison Théâtre, du 15 au 25 novembre.



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