Hommage aux amoureux qui s’aiment

Photo: Godefroy Mosry, Montage: Marin Blanc

Nouveaux mariés, mais pas nouveau couple. Ça faisait 20 ans qu’ils s’habitaient, et qu’ils habitaient ensemble, avant qu’il lui fasse la grande demande. « Mais pourquoi après 20 ans ? » ai-je demandé lors d’un souper. Il a répondu tout simplement : « J’avais besoin de vérifier quelque chose. Savoir si on s’en va encore dans la même direction. »

Direction « L’écurie du beat », donc, le week-end dernier. C’est ce qui était écrit à la main au-dessus du DJ booth installé par des amis de longue date du couple à l’entrée du lodge.  ! DJ Pouliche Magique et DJ Etalson seront aux platines toute la soirée ! Derrière, une vue sur la magnifique base de plein air où avait lieu la célébration, mais où on pouvait aussi aller taquiner la truite. Parce que la vie ne s’arrête pas quand on se marie. Les poissons continuent de gigoter. Sur le lac et dans la brume, des pêcheurs qu’on ne connaissait pas tentaient leur chance tendrement. « Dire qu’on va blaster du Metallica plein volume dans ce paradis », a lancé DJ Etalson. Puis, les nouveaux mariés ont enfin été célébrés, devant la nature changeante, la famille et ces quelques pêcheurs étrangers, au rythme des chansons qui ont construit leur histoire.

Il y a une chose qui m’a frappée sur l’affiche de DJ Pouliche Magique et DJ Etalson, joyeusement dessinée par Azelle, l’une des adolescentes des nouveaux mariés : les traits de crayon-feutre moulaient le contraire d’un minotaure. Ce n’est donc pas la tête d’un taureau ou d’un cheval avec un corps humain qu’on y voyait, mais des visages humains dans des corps galopants. Dans L’écurie du beat, c’est l’humanité et le galop qui comptent.

L’histoire de Jolaine et Sébastien a commencé au mythique et défunt magasin de disques Archambault au coin de Berri et Sainte-Catherine. Le nouvel album de Beck Midnite Vultures venait de paraître et elle, commis des commandes téléphoniques chez Archambault Berri, avait daigné lui adresser la parole, lui, le commis du nouveau département ennemi des commandes Web. Elle lui avait demandé de baisser le volume !

Qui pouvait se douter, à ce moment précis, qu’ils se diraient oui 22 ans plus tard, en se tenant la main sur une chanson des Trois Accords ?

« Je te prendrai pour emporter / Nous passerons la sécurité / Quand minuit viendra, sauter la barrière / Nous irons nus bas courir sur les terres / Sur les terrains de golf à go / Nous danserons dans les jets d’eau / Nous creuserons les mares pour en faire des lacs / Et les nénuphars, nous ferons des barques » (Les amoureux qui s’aiment, Les Trois Accords).

Et si c’était ça, le secret ? Avoir chacun son box dans l’écurie pour se concentrer sur sa musique, et en bondir une fois par jour pour jumeler ses danses, dans les petites et grandes contrées sauvages ?

Au cours de la soirée, Azelle et Zora ont présenté un rap à leurs parents, intitulé Nos parents se marient, foutu awesome. Je n’y ai pas compris chaque ligne, parce que ça comportait beaucoup d’insides de famille, mais j’ai quand même compris qu’elles mangeaient de la pizz même si leur mère n’aime pas le fromage et, surtout, que leur enfance a été bercée par « des voyages d’auto avec d’la musique », « des partys dans’ ruelle », « de la danse dans’ cuisine depuis way back » (shout out aux Îles-de-la-Madeleine pour les plus beaux étés, mer, cerf-volant et méduse en replay).

De mon côté, j’ai réécouté la chanson des Trois Accords qui avait fait sautiller tous les invités au mariage en revenant chez moi. Elle se termine ainsi : « Je ne te laisserai pas derrière / Nous irons jusqu’à la frontière / Je te ferai passer les lignes avec moi. »

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