Sepp Kuss triomphe au Tour d’Espagne, Jumbo-Visma signe un triplé historique

Sepp Kuss (au centre) célèbre sur le podium avec Jonas Vingegaard (à gauche) et Primoz Roglic (à droite) après sa victoire au Tour d’Espagne, dimanche, à Madrid.
Oscar del Pozo Agence France-Presse Sepp Kuss (au centre) célèbre sur le podium avec Jonas Vingegaard (à gauche) et Primoz Roglic (à droite) après sa victoire au Tour d’Espagne, dimanche, à Madrid.

Habitué à jouer les équipiers modèles, l’Américain Sepp Kuss a remporté dimanche son premier Tour d’Espagne, confirmant la domination outrageuse de son équipe Jumbo-Visma qui signe un triplé inédit dans les grands Tours cette année.

La dernière étape, aux allures de défilé sur un circuit urbain autour du centre de Madrid, a été remportée par le sprinteur australien Kaden Groves, qui s’est offert une troisième victoire dans cette 78e édition.

Au départ du jour, les trois « guêpes », Vingegaard, Roglic et Kuss, ont troqué leurs tuniques jaunes pour parader avec un maillot spécial à trois bandes : rose, jaune et rouge, des couleurs des maillots de vainqueur des trois Grands Tours.

En plaçant trois coureurs aux trois premières places, l’armada Jumbo-Visma opère une razzia inédite sur la Vuelta depuis l’équipe Kas-Kaskol en 1966.

Gagner les trois grands Tours la même année, après la victoire de Roglic dans le Giro et celle de Vingegaard sur le Tour de France, est un exploit encore plus grand. Même des super puissances comme Banesto, Sky ou, dans un passé plus lointain, Peugeot, Renault Gitane, Molteni ou Bianchi s’y étaient cassé les dents.

Que la victoire revienne à Sepp Kuss, premier Américain à gagner un grand Tour depuis Chris Horner en 2013, déjà sur la Vuelta, est inattendu dans la mesure où le « kid de Durango » est cantonné d’habitude à un rôle d’équipier.

« C’est incroyable, je pense que cette étape a été la plus difficile de la course, et je suis heureux d’en avoir fini », a dit le vainqueur après l’arrivée, affirmant qu’il ferait dimanche soir « une grosse fête avec la famille et les amis ».

Mais il a assuré qu’il ne changerait pas après cette victoire : « Je resterai le même, même si c’est une victoire qui change la vie, j’aurai de bons souvenirs de cette expérience ».

D’équipier à leader

Cette année, il a aidé Vingegaard à remporter un deuxième Tour de France consécutif et Roglic à gagner le Giro. Dévoué et endurant, il est l’unique coureur de tout le peloton avec l’Espagnol Luis Leon Sanchez à avoir participé aux trois grands Tours.

À la Vuelta aussi, Kuss, 29 ans, était parti pour remplir comme d’habitude son rôle de lieutenant en montagne. Mais après avoir pris le maillot rouge de leader lors de la 8e étape, il s’est soudainement retrouvé dans la peau d’un leader, semant la confusion au sein de son équipe qui, confrontée à une situation très inhabituelle, ne savait pas comment concilier les ambitions de ses cadors avec l’émergence de leur meilleur assistant.

Après quelques jours de flottement, le patron de l’équipe, Richard Plugge, a tranché mercredi soir : ce sera Sepp Kuss.

Cette décision a pu froisser notamment Roglic, qui visait une quatrième Vuelta et qui semblait avoir du mal à accepter le choix de son équipe.

La domination absolue de la formation néerlandaise a inévitablement soulevé des soupçons dans un sport longtemps gangrené par le dopage, mais sans aucun élément concret pour démontrer la moindre triche, mécanique ou autre.

 

« Je suis sûr à 100 % que mes deux collègues ne prennent rien, tout comme moi » a déclaré Jonas Vingegaard auprès de GCN (Global Cycling Network).

Suprématie

Confronté aux mêmes accusations sur le Tour de France qu’il a survolé, Vingegaard avait assuré qu’il ne prenait aucun produit qu’il ne donnerait pas à sa fille.

Pour Sepp Kuss, « hors de question de tricher ou de se doper parce que ce n’est pas du sport à mon sens ».

« Si vous faites quelque chose qui est interdit ou si vous trichez, alors vous avez peur de perdre. Or, c’est l’essence même du sport : accepter que parfois vous n’êtes pas assez bon. […] Une partie du sport consiste à perdre », a analysé le vainqueur de cette Vuelta.

L’équipe termine en tout cas la Vuelta avec cinq victoires d’étape – 2 pour Vingegaard et Roglic, 1 pour Kuss – et une domination sans partage sur la course, dès qu’elle décidait d’en prendre le contrôle.

Tenant du titre, Remco Evenepoel avait dévissé dans l’étape reine du Tourmalet, y perdant toutes ses chances pour le général. Il s’est rattrapé en gagnant trois étapes et le maillot de meilleur grimpeur.

Mais le prodige belge n’a pas levé tous les doutes quant à sa capacité à encaisser la répétition des longs cols en montagne, alors qu’il doit découvrir le Tour de France en 2024.

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