«La mauvaise habitude», Alana S. Portero

Pas étonnant que le premier roman de l’Espagnole Alana S. Portero soit publié ou en voie de l’être dans 11 pays : le livre est aussi crucial en ce qui concerne le fond qu’enthousiasmant en ce qui a trait à la forme. Au coeur d’un quartier populaire de Madrid gangrené par la drogue, une jeune fille coincée dans un corps de garçon apprivoise le monde impitoyable qui l’entoure en même temps que l’univers rutilant qui sommeille en elle. « Avant que vous puissiez vous définir vous-même, les autres tracent pour vous des contours inspirés par leurs préjugés et leur violence. » De l’enfance à l’âge adulte, des années 1980 au début des années 2010, la narratrice, incontestablement l’alter ego de l’autrice, exprime avec autant de conviction, sans complaisance ni sensationnalisme, sur la cruauté et la flamboyance, la médiocrité et la transcendance, la mort et la renaissance. Un peu comme chez Tremblay et Almodóvar, les femmes sont ici des guides, des modèles, des anges décatis et néanmoins féroces, qui accompagnent l’héroïne dans un périple qui pourrait bien s’achever dans la lumière.

La mauvaise habitude

★★★★

Alana S. Portero, Flammarion, Paris, 2023, 272 pages

À voir en vidéo