Découverte du secret de la rareté des diamants roses

Un diamant rose de 170 carats, découvert à la mine de Lulo dans la région nord-est de l’Angola.
Lucapa Diamond Company / Agence France-Presse Un diamant rose de 170 carats, découvert à la mine de Lulo dans la région nord-est de l’Angola.

Des chercheurs ont découvert le « secret » de la rareté des diamants roses, qu’on ne trouve presque exclusivement qu’en Australie, ce qui explique leur prix astronomique, selon une étude publiée mardi.

Plus de 90 % de tous les diamants roses existants sont originaires de la mine récemment fermée d’Argyle, dans le Nord-Ouest australien.

Mais personne ne savait vraiment pourquoi on les trouvait à cet endroit, situé à la frange du continent austral, alors que la plupart des mines de diamants se situent en milieu continental, comme en Afrique du Sud ou en Russie.

Une équipe australienne explique dans la revue Nature Communications que ces minéraux rares se sont formés grâce à la rupture du premier super-continent de la Terre, il y a 1,3 milliard d’années.

Les deux « ingrédients » nécessaires à la fabrication d’un diamant rose étaient déjà connus, a expliqué à l’AFP le premier auteur de l’étude, Hugo Olierook, de l’Université australienne Curtin à Perth.

Premier ingrédient, du carbone, situé à grande profondeur. À moins de 150 km de profondeur, ce carbone est un vulgaire graphite, de celui dont on fait des mines de crayon, et « qui ne fait pas très joli sur une alliance de mariage », ironise le chercheur.

Deuxième « ingrédient », une pression colossale, suffisamment grande pour modifier la couleur d’un diamant transparent, mais sans trop forcer.

« Pressez juste un peu, il devient rose. Mais pressez juste un peu plus, et il devient brun », explique le géologue.

« Bouchon de champagne »

La découverte de l’équipe australienne permet d’expliquer ce qui a fait jaillir les diamants roses de la croûte terrestre jusque près de la surface.

On pensait au départ que la mine d’Argyle s’était formée il y a 1,2 milliard d’années, mais sans s’expliquer comment les diamants avaient pu remonter, en l’absence de phénomène géologique associé.

Les chercheurs ont alors affiné la datation du dépôt en mesurant l’âge des éléments de minuscules cristaux dans une roche de la mine. Et sont arrivés à 1,3 milliard d’années.

Un âge correspondant à la fracture subie par le premier super-continent, appelé indifféremment Nuna ou Columbia.

Auparavant « toutes les masses terrestres étaient agglomérées ensemble », selon M. Olierook. La pression qui a coloré les diamants est survenue avec les collisions des masses terrestres d’Australie occidentale et septentrionale, survenues il y a 1,8 milliard d’années.

Cette masse s’est fracturée 500 millions d’années plus tard, et à cet endroit le magma est remonté à la surface en entraînant les diamants roses vers la surface, « comme un bouchon de champagne », selon M. Olierook.

Un « paradis des diamants roses »

Depuis 200 ans, la quête de diamants s’est concentrée sur des terres continentales, observe le scientifique. Or, la découverte publiée mardi pourrait rebattre les cartes de cette quête.

Les ceintures montagneuses issues de la fracturation du super-continent Nuna ont le potentiel de devenir autant de « paradis des diamants roses », selon le géologue, qui cite des zones potentielles au Canada, en Russie, en Afrique du Sud et en Australie.

Une conclusion peut-être un peu hâtive, à en croire John Foden, expert en diamants à l’Université d’Adélaïde (sud de l’Australie), qui n’a pas participé à l’étude.

Ces travaux établissent certes « de façon convaincante » l’âge du dépôt d’Argyle, selon lui. Et suggèrent un lien plausible entre la formation des diamants roses et la fracturation de Nuna.

Cependant, d’autres sites liés à cet événement géologique n’ont produit aucun diamant rose, remarque-t-il. Ce qui pourrait laisser penser que « le caractère rose pourrait être un attribut propre à Argyle ».

Si c’est le cas, la cote des diamants roses ne pourra que continuer à grimper, faute de concurrentes à la mine, fermée en 2020 pour des raisons économiques.

À voir en vidéo