Regarder le passé pour imaginer la maison de demain

Amélie Revert
Collaboration spéciale
La maison passive Saltbox, réalisée par l’équipe d’architectes de L’abri, dans les Cantons-de-l’Est. La volumétrie de la résidence favorise, entre autres, le chauffage solaire passif.
Raphaël Thibodeau La maison passive Saltbox, réalisée par l’équipe d’architectes de L’abri, dans les Cantons-de-l’Est. La volumétrie de la résidence favorise, entre autres, le chauffage solaire passif.

Ce texte fait partie du cahier spécial Immobilier

À quoi ressembleront nos maisons demain ? Plusieurs experts en architecture et en construction tentent de définir ce que seront les habitations viables pour l’humain et l’environnement.

Lorsqu’il envisage la maison du futur, Francis Martel Labrecque, architecte à L’abri, estime qu’il faut d’abord et avant tout penser aux défis engendrés par la crise climatique. « Nous devons désormais construire des habitations adaptées aux changements climatiques, plus solides et résilientes, pour faire face aux extrêmes météorologiques auxquels nous allons de plus en plus être confrontés », prévient-il. Il rappelle à ce propos que le secteur de la construction est en grande partie responsable des émissions de gaz à effet de serre. Près de 30 % des émissions de GES au Québec sont, en effet, dues aux industries lourdes, comme celles du béton, de l’acier et de l’aluminium, que l’on retrouve dans les bâtiments.

Selon M. Labrecque, deux éléments essentiels sont à prendre en compte pour pallier cette pollution : « La meilleure maison a un bilan carbone de fabrication très bas grâce à l’utilisation de matériaux de construction biosourcés — sans mousse plastique, sans laine de roche, etc. — ainsi qu’une performance énergétique exemplaire, donc qui consomme peu. Par conséquent, son bilan d’exploitation est faible. »

Adaptabilité

 

Le bois, l’une des principales matières premières disponibles au Québec, est, d’après lui, une solution très efficace. Marie-Hélène Nollet, architecte à Rimouski, est du même avis. « Je souhaite qu’il y ait du bois, qui est bien plus noble qu’on ne le pense, partout et qu’on apprenne à vivre avec son vieillissement naturel, dit-elle. L’utilisation de matériauxcomme le bois contribuent également à l’économie locale. » Afin de réduire davantage notre empreinte, celle-ci croit que nous devons également apprendre à réduire la taille de nos maisons. « Construire de plus petites surfaces est toujours la meilleuresolution », renchérit Francis Martel Labrecque. Pour ce faire, il suggère d’optimiser nos besoins en créant des espaces flexibles.

Les deux dernières années de pandémie nous ont à ce propos poussés à redéfinir notre vision du home sweet home. « Après avoir observé les habitudes de notre clientèle privilégiée, nous nous sommes rendu compte que les maisons classiques ne se prêtaient peut-être pas à l’exercice COVID », explique Marc-André Bovet, président fondateur de Bone Structure, qui a conçu une technologie à système constructif, « comme un jeu de Lego », en acier 100 % québécois et recyclé à 90 %. Sa gamme de maisons peu énergivores de la collection MT, qui a récemment été lancée, offre une volumétrie et des espaces qui assurent une convivialité et un esprit familial avec une cuisine ouverte, notamment, mais aussi un ou plusieurs espaces qui permettent le télétravail et qui peuvent être convertis en chambre d’amis ou en salle de yoga.

Si les espaces intérieurs se modernisent et sont de moins en moins strictement cloisonnés, Marie-Hélène Nollet est cependant persuadée que le logement du futur devrait s’inspirer de l’architecture traditionnelle québécoise et reprendre certains de ses principes. « Nous avons beaucoup de neige ici et ce n’est pas pour rien qu’historiquement, il y a des pignons sur nos maisons… c’est très utile ! » L’architecte voit même plus loin et considère que les quartiers qui ont de l’avenir sont faits de petites maisons sur de petits terrains, mais avec des beaucoup d’espaces verts communautaires.

Vision sociétale

 

Pour Emmanuel B. Cosgrove, cofondateur, directeur général et porte-parole d’Écohabitation, un organismesans but lucratif qui facilite l’accès à des habitations saines, économes, durables et abordables, le retour aux sources doit aussi se faire avec les maisons bigénérationnelles. « On habite déjà dans nos maisons du futur ! Quand on pense au logement urbain d’antan au Québec, il s’agissait souvent de duplex ou de triplex occupés par une même famille. Les parents étaient au rez-de-chaussée tandis que les enfants occupaient les étages du dessus », fait-il remarquer.

La construction et l’aménagement d’annexes résidentielles et d’habitations accessoires, soit une « densification douce » des arrière-cours, sont, de même, une autre façon de faire se côtoyer plusieurs générations d’une même famille et de rapatrier tant ses enfants que ses parents. « Au lieu d’envoyer nos aînés en CHSLD, on peut prévoir un logement semi-autonome sur son terrain. C’est tout de suite plus abordable et plus humain pour un foyer », note-t-il.

L’architecte Francis Martel Labrecque prône enfin un équilibre entre la qualité de construction, l’écologie et une approche architecturale humaine avec des maisons agréables, lumineuses et adaptées à toutes ces nouvelles réalités. « Tout cela va faire que le bâtiment va perdurer », conclut-il.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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