«Frères», Alexandre Jardin

« Ce livre est mon secret, l’obscur le plus obscur de ma vie », écrit Alexandre Jardin dans Frères, où il revient sur le suicide de son demi-frère Emmanuel Jardin survenu le 11 octobre 1993. « J’ai étiré trente années de diversion avant de reprendre le fil de la phrase de notre lien sectionné. Pour l’enterrer enfin, dans ce linceul de papier où sa poésie va revivre. » Revisitant dans la foulée les personnages les plus excentriques de son clan dysfonctionnel, passant en revue les plus lourds secrets de famille, dévoilant des pans peu reluisants du roman familial, l’attachant trublion esquisse avec la fougue, la verve et les excès qu’on lui connaît ce frère tant admiré de deux ans son aîné avec qui il a vécu une relation aussi conflictuelle que fusionnelle. À la fois célébration de la vie de cet être plus grand que nature et expression du chagrin incommensurable de l’écrivain, ce tombeau littéraire s’avère un puissant cri du coeur trop longtemps refoulé où l’amour et la culpabilité se font écho.

Frères

★★★ 1/2

Alexandre Jardin, Albin Michel, Paris, 2023, 176 pages

À voir en vidéo