L’espoir de retrouver des survivants diminue au Maroc

Un villageois marchait dans les décombres des maisons détruites à Douzrou, le 12 septembre 2023.
Fadel Senna Agence France-Presse Un villageois marchait dans les décombres des maisons détruites à Douzrou, le 12 septembre 2023.

Les espoirs de retrouver des survivants se sont dissipés mardi au Maroc, quatre jours après un séisme dévastateur qui a touché la région de Marrakech, où le roi Mohammed VI a rendu visite à des blessés.

Le tremblement de terre, qui a frappé vendredi soir une région située au sud-ouest de la ville touristique de Marrakech (centre), a fait 2901 morts et 5530 blessés, selon le dernier bilan officiel.

 

La Croix-Rouge a lancé un appel de fonds d’environ 100 millions d’euros afin de soutenir les opérations de secours, après avoir débloqué un million de francs suisses de son Fonds d’urgence pour appuyer les activités du Croissant-Rouge marocain sur le terrain.

Le roi Mohammed VI s’est rendu mardi au centre hospitalier universitaire de Marrakech, avant de faire un don de sang, a indiqué l’agence officielle MAP.

Il « a visité le service de réanimation et celui d’hospitalisation des victimes du séisme » pour s’informer de l’état de santé des blessés ainsi que des soins qui leur sont prodigués, a ajouté l’agence.

Volontaires et secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, tentent d’accélérer les recherches pour trouver d’éventuels survivants et fournir des abris à des centaines de familles qui ont perdu leur maison dans le tremblement de terre, lequel a détruit des villages entiers.

Mais dans certaines zones isolées, les habitants affirment être livrés à eux-mêmes.

À Douzrou, village situé à 80 km au sud-ouest de Marrakech et soufflé par le séisme, l’inquiétude se lit sur les visages des survivants, qui ont improvisé des abris de fortune.

Une centaine de personnes sont mortes dans cette bourgade plantée au début des chaînes montagneuses du Haut Atlas, selon des habitants.

 

« Il est important qu’on nous prenne en charge, on ne peut pas survivre longtemps dans la nature. Les conditions climatiques sont très rudes. On craint le pire avec l’hiver qui arrive », lance avec inquiétude Ismaïl Oubella, 36 ans, qui a perdu trois enfants (3, 6 et 8 ans), sa femme, enceinte, ainsi que sa mère.

Photo: Philippe Lopez Agence France-Presse Dans le village de montagne d’Imi Oughlad, dans la province d’al-Haouz, dans le Haut Atlas, des habitants rassemblaient leurs affaires et quittaient leur maison, rendue inhabitable par le tremblement de terre dévastateur.

« Peur des pluies »

« On veut être relogés au plus vite, on a tout perdu, même notre bétail. Les morts, on les a sortis nous-mêmes » des décombres, clame Hossine Benhammou, 61 ans. Neuf membres de sa famille, dont sa fille et deux petites-filles, ont péri.

Une équipe de 20 secouristes de l’Équipe internationale de recherche et de sauvetage du Royaume-Uni est arrivée sur place.

« Les habitants ont géré la situation, mais on va déployer des chiens » pour voir s’il y a des gens sous les décombres, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Steve Willitt, le chef d’équipe.

« On a peur des pluies, qui risquent de couper la route non goudronnée menant vers notre village. On risque de mourir de faim », confie un habitant, Lahcen Ouhmane, 68 ans.

Dans la localité d’Amizmiz, à environ une heure de là, des dizaines de survivants sont entassés autour d’un semi-remorque, attendant de l’aide alimentaire distribuée par des bénévoles.

« Ce n’est pas le gouvernement qui aide, c’est le peuple », lance Abdelilah Tiba, 28 ans, un volontaire.

« Qu’allons-nous faire lorsque les gens cesseront de nous aider ? » demande Fatima Benhamoud, 39 ans.

D’après l’agence UNICEF, environ 100 000 enfants ont été affectés par le tremblement de terre au Maroc, où ce groupe d’âge représente près d’un tiers de la population. L’organisation de l’ONU a indiqué avoir « mobilisé du personnel humanitaire pour soutenir la réponse immédiate sur le terrain ».

Hôpitaux de campagne

 

Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a assuré lundi que « les citoyens qui ont perdu leur logement recevront des indemnités ».

Selon lui, des solutions sont actuellement à l’étude pour les sans-abri.

Les villages les plus proches de l’épicentre du séisme restent toujours inaccessibles en raison d’éboulements.

Dans certains, enclavés, les hélicoptères font des allers-retours pour acheminer des vivres, selon des journalistes de l’AFP.

L’armée marocaine a installé des hôpitaux de campagne pour soigner les blessés dans les zones enclavées, comme dans le village d’Asni, situé dans la province sinistrée d’al-Haouz, à un peu plus d’une heure de Marrakech.

Le séisme a atteint une magnitude de 7, selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon l’Institut de géophysique américain). Il est le plus puissant jamais mesuré au Maroc.

Il est aussi le plus meurtrier à survenir dans le royaume depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest, le 29 février 1960 : de 12 000 à 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient péri.



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