Des procureurs veulent empêcher Donald Trump de commenter publiquement son procès

Si l’ordonnance des procureurs est accordée, Donald Trump serait obligé de limiter considérablement le type de commentaires qu’il fait sur le dossier.
Andrew Harnik Associated Press Si l’ordonnance des procureurs est accordée, Donald Trump serait obligé de limiter considérablement le type de commentaires qu’il fait sur le dossier.

Des procureurs fédéraux américains demandent une ordonnance qui empêcherait Donald Trump de faire des commentaires « incendiaires » et « intimidants » à l’égard de témoins, d’avocats et d’autres personnes qui sont impliqués dans l’affaire criminelle où il est accusé de complot visant à renverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020.

L’équipe du procureur spécial Jack Smith a soutenu, dans une requête déposée vendredi, qu’une ordonnance aussi « claire et bien définie » était nécessaire pour préserver l’intégrité de l’enquête et éviter de porter préjudice aux jurés potentiels.

Les procureurs s’inquiètent depuis des semaines des répercussions potentielles des attaques verbales de M. Trump. La demande déposée vendredi marque cependant la première fois qu’ils proposent une action formelle pour freiner ce discours qui, selon eux, risque de faire vivre aux agents judiciaires et aux témoins la peur d’être pris pour cible.

La requête expose ce que les procureurs considèrent comme une série de déclarations « fausses et incendiaires » sur l’affaire, ainsi que des commentaires destinés à intimider ou à harceler des personnes que l’ancien président croit être des témoins potentiels contre lui.

« Depuis que le grand jury a rendu un acte d’accusation dans cette affaire, l’accusé a diffusé à plusieurs reprises et largement des déclarations publiques attaquant les citoyens du District de Columbia, la Cour, les procureurs et les témoins potentiels, ont écrit les procureurs. Par ses déclarations, l’accusé menace de porter atteinte à l’intégrité de cette procédure et de porter préjudice à la composition du jury. »

Ils ont fait valoir que la rhétorique de M. Trump avait déjà eu un impact sur la justice, notant que les jurés du procès d’un homme reconnu coupable d’avoir participé aux émeutes du 6 janvier 2021 au Capitole des États-Unis ont récemment envoyé une note exprimant leur inquiétude quant au fait qu’il pourrait détenir des informations sur leur identité.

Si l’ordonnance est accordée, M. Trump serait obligé de limiter considérablement le type de commentaires qu’il fait sur le dossier, même s’il cherche à transformer ses déboires devant la justice à son avantage politique pendant sa campagne visant à reconquérir la Maison-Blanche en 2024.

Le procès tenu à Washington est l’une des quatre affaires criminelles dans lesquelles M. Trump est actuellement accusé.

Attaque à la liberté d’expression

Les avocats de M. Trump s’opposent à la requête, estimant que les procureurs « continuent de manière corrompue et cynique à tenter de priver le président Trump de ses droits du premier amendement », qui encadre la liberté d’expression.

« Ce n’est rien d’autre qu’une ingérence flagrante dans la campagne électorale, car le président Trump est de loin le favori dans la course. Le peuple américain voit clair dans cette mascarade anticonstitutionnelle et réélira le président Trump à la Maison-Blanche », ont martelé les avocats de la défense.

Au-delà du strict silence, les procureurs ont également demandé une ordonnance qui empêcherait l’équipe de M. Trump de contacter des citoyens du District de Columbia pour mener des sondages, des études de jury et des groupes de discussion sans l’autorisation du juge.

Les efforts visant à affaiblir la confiance dans le système judiciaire, ont écrit les procureurs, reflètent ses attaques contre les élections de 2020, qu’il a faussement affirmé avoir gagnées.

« L’accusé tente maintenant de faire la même chose dans cette affaire pénale : saper la confiance du public envers le système de justice pénale et porter préjudice au jury en lançant des attaques désobligeantes et incendiaires contre les citoyens de ce district, la Cour, les procureurs et les témoins potentiels », ont plaidé les procureurs.

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