Plus de 37 000 contraventions dans les zones scolaires en 2022

Selon des données révélées plus tôt cet été par l’Association des directeurs de police du Québec, 71 % des automobilistes au Québec ne respectent pas la limite de vitesse de 30 km / h dans les zones scolaires.
Catherine Legault Archives Le Devoir Selon des données révélées plus tôt cet été par l’Association des directeurs de police du Québec, 71 % des automobilistes au Québec ne respectent pas la limite de vitesse de 30 km / h dans les zones scolaires.

Plus de 37 000 contraventions ont été remises à des automobilistes dans des zones scolaires de la province, l’an dernier, selon des données parcellaires présentées mardi par l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ), qui s’inquiète pour la sécurité des jeunes dans le contexte de la rentrée.

« Ça veut dire que plus de 3000 contraventions par mois ont été émises » à proximité d’écoles, généralement à des automobilistes qui roulaient trop rapidement dans ces secteurs, a souligné mardi le directeur général de l’ADPQ, Didier Deramond, lors d’une conférence de presse tenue à La Prairie. Sur les 36 979 constats d’infraction comptabilisés par l’association, 16 128 ont été remis à Montréal et 5541 à Laval.

Les données dévoilées par l’ADPQ mardi ont été compilées dans le cadre d’interventions ciblées tenues en zones scolaires par des corps de police municipaux. Ces données, qui excluent les constats d’infraction remis par des policiers de la Sûreté du Québec, ne représenteraient donc que la pointe de l’iceberg, a relevé le président de l’ADPQ et directeur du Service de police de Laval, Pierre Brochet. « Le nombre de constats est largement sous-évalué, c’est beaucoup plus que ça », a-t-il soulevé.

D’ailleurs, selon des données révélées plus tôt cet été par l’association, 71 % des automobilistes au Québec ne respectent pas la limite de vitesse de 30 km / h en zones scolaires. « C’est épeurant », a ainsi lancé le directeur de la Régie intermunicipale de police Roussillon, Michel Guillemette.

Des amendes plus salées

 

Dans ce contexte, M. Brochet estime que des mesures multiples doivent être mises en place pour augmenter la sécurité des jeunes autour des écoles. « Il faut augmenter les amendes, les points d’inaptitude », a-t-il évoqué, en référence aux automobilistes qui enfreignent le Code de la sécurité routière en zones scolaires. « Si on veut que ça soit pris au sérieux par les automobilistes […] pourquoi pas aller plus loin, avoir des amendes salées, et s’assurer que ce soit systématique, en particulier dans une zone de 30 km/h ? », a-t-il insisté.

Au-delà de la coercition, une plus grande sensibilisation auprès des enfants est nécessaire afin que ceux-ci soient plus vigilants dans leurs déplacements, tandis que les Villes doivent s’assurer d’améliorer les aménagements autour des écoles pour rendre ceux-ci plus sécuritaires pour les piétons et les cyclistes, a énuméré M. Brochet. « Même si la répression, c’est important, c’est nettement insuffisant », a-t-il résumé, en rappelant que « les policiers ne peuvent être partout » pour assurer la sécurité des élèves en tout temps autour des zones scolaires, considérées comme des « secteurs à risque ».

Afin de contribuer à l’effort de sensibilisation, l’ADPQ a réalisé une capsule vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, qui montre un jeune piéton se faire happer à une intersection après avoir commencé à traverser celle-ci sans lever les yeux de son téléphone cellulaire. « Il est clair dans notre esprit que pour éviter des morts et des blessés et pour protéger nos jeunes, il faut que tous les usagers de la route se sentent interpellés et adoptent un comportement responsable. La sécurité dans les zones scolaires, c’est l’affaire de tous, pas seulement celle des corps de police », a relevé M. Brochet.

Des parents à sensibiliser

Aux côtés des dirigeants de plusieurs corps de police municipaux se trouvait mardi Michel Boucher, un père de famille qui a perdu son fils de 14 ans en 2012, lorsque celui-ci a été happé mortellement par le conducteur d’un autobus privé. L’adolescent se dirigeait alors à vélo en direction du domicile familial après une partie de soccer tenue en soirée. « C’est tellement énorme perdre un enfant, il faut tout faire pour essayer d’en éviter d’autres [pertes] », a relevé M. Boucher.

Le père de famille, qui est également organisateur du Tour du silence de Longueuil, s’inquiète notamment de constater que plusieurs parents, pressés d’aller chercher leurs enfants à la fin des cours, ne respectent pas la limite de vitesse autour des écoles. « Les parents se dépêchent à aller chercher leurs enfants alors que c’est la période où ils devraient faire le plus attention », déplore-t-il.

Ce dernier se montre ainsi favorable à une augmentation du montant des amendes remises aux automobilistes qui enfreignent le Code de la sécurité routière autour des écoles, une option qu’envisage d’ailleurs déjà le gouvernement du Québec pour améliorer la sécurité des piétons et des cyclistes dans ces secteurs. « Si c’est la seule façon que les gens comprennent, qu’on le fasse. »

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