Professionnels et techniciens de la santé: «un rouage essentiel du réseau public»

Pierre Vallée
Collaboration spéciale
Certains services, comme l’imagerie médicale, reposent presque entièrement sur les technologues qui accueillent les usagers et font passer les tests, le radiologue n’intervenant qu’à la fin du processus.
Photo: iStock Certains services, comme l’imagerie médicale, reposent presque entièrement sur les technologues qui accueillent les usagers et font passer les tests, le radiologue n’intervenant qu’à la fin du processus.

Ce texte fait partie du cahier spécial Syndicalisme

L’APTS demande que l’on reconnaisse à sa juste valeur la contribution de ses membres dans le réseau de la santé et des services sociaux.

Les membres de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) pratiquent une multitude de professions et de métiers — quelque 100 types d’emploi différents — dans le réseau public de la santé et des services sociaux. Du technicien de laboratoire à l’archiviste médical, en passant par le technologue en imagerie médicale et le travailleur social, ce sont pour la plupart des travailleurs de l’ombre, mais leur contribution n’en est pas pour autant moins importante.

« Comme leur contribution est souvent méconnue, on a tendance à oublier que nos membres sont un rouage essentiel du réseau public. Sans eux, le réseau ne peut tout simplement pas fonctionner, soutient Josée Fréchette, première vice-présidente de l’APTS. Par exemple, les diagnostics posés par les médecins dans les hôpitaux nécessitent, à hauteur de 85 %, des analyses de laboratoire. Sans technicien de laboratoire, pas de diagnostic. »

De plus, plusieurs de ces professions et métiers offrent des soins directs à la population. « C’est le cas de la travailleuse sociale en centre de jeunesse, souligne Mme Fréchette. Un geste simple, comme une prise de sang, qu’on attribue généralement aux infirmières et aux infirmières auxiliaires, est souvent réalisé par nos technologues médicaux. » Certains services, comme l’imagerie médicale, reposent presque entièrement sur les technologues qui accueillent les usagers et font passer les tests, le radiologue n’intervenant qu’à la fin du processus.

Du sable dans l’engrenage

Malheureusement, tout ne baigne pas dans l’huile pour ces travailleurs de la santé et des services sociaux, ce qui se traduit aujourd’hui par la difficulté d’attirer du personnel et de le retenir. « Ce sont nos présentes conditions de travail dans le réseau public qui nuisent le plus à l’attraction et à la rétention du personnel, avance Josée Fréchette. On le constate surtout chez les cégépiens au moment où ils choisissent leur champ d’études. S’ils sont attirés par certaines professions, ils déchantent vite lorsqu’ils comprennent qu’ils devront travailler dans le réseau public. Cela en décourage plusieurs, et ils s’orientent alors vers d’autres métiers. »

Il y a bien sûr la question de la rémunération, qui, selon l’APTS, n’est pas à la hauteur, mais il y a aussi plusieurs irritants qui nuisent aux conditions de travail. « Prenons le cas des quarts de travail difficiles, le soir, la nuit et la fin de semaine, explique Mme Fréchette. Le gouvernement offre bien des primes pour ces quarts de travail, mais ces dernières n’ont pas été révisées à la hausse depuis des années. Un sérieux rattrapage s’impose. »

Les heures supplémentaires obligatoires (communément appelées « temps supplémentaire obligatoire », ou TSO) sont aussi un irritant majeur. « On croit à tort que seules les infirmières sont assujetties au TSO, dit Mme Fréchette, mais certains de nos emplois y sont aussi. C’est le cas des techniciens en laboratoire, qui doivent absolument être présents à l’hôpital. »

De plus, certaines professions exercées par les membres de l’APTS sont particulièrement vulnérables à une surutilisation des heures supplémentaires. Prenons le cas d’un psychologue. Peut-il vraiment laisser seul un patient en détresse psychologique même si son quart de travail est terminé ? « C’est ce que j’appelle le TSO déguisé, précise Josée Fréchette. Il n’y a peut-être pas d’obligation réglementaire, mais la pression est si forte que le travailleur finit par céder. »

D’importantes négociations

L’APTS, comme la plupart des autres syndicats qui représentent les employés de l’État, est présentement en négociation pour le renouvellement de la convention collective. Parmi les demandes syndicales, il y a celle de hausser le taux horaire des heures supplémentaires de temps et demi à temps double. « Ce serait un pensez-y bien de plus pour le gestionnaire avant de recourir aux heures supplémentaires, croit-elle. Et cela pourrait réduire le recours au TSO. »

Mais, au-delà des demandes particulières, les présentes négociations sont une occasion à saisir, aux yeux de Josée Fréchette. « Ce que je souhaite, ce sont des conditions de travail qui non seulement sont intéressantes, mais qui rendent heureux. Je veux que nos membres qui rentrent à la maison après le travail soient fiers de travailler dans le réseau public et qu’ils s’en fassent les ambassadeurs. Seules de meilleures conditions de travail peuvent combattre la pénurie de main-d’oeuvre et ainsi améliorer les services à la population. Au bout du compte, ce sont les usagers qui en profiteront. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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