Le Cégep de Sainte-Foy poursuivi pour la démolition d’une œuvre d’art

Les enfants d’une artiste décédée il y a une quarantaine d’années s’en remettent aux tribunaux pour que soit reconstruite l’une des oeuvres de leur mère.
Getty Images / iStockphoto Les enfants d’une artiste décédée il y a une quarantaine d’années s’en remettent aux tribunaux pour que soit reconstruite l’une des oeuvres de leur mère.

Les enfants d’une artiste décédée il y a une quarantaine d’années s’en remettent aux tribunaux pour que soit reconstruite l’une des oeuvres de leur mère, détruite en 2020 par le Cégep de Sainte-Foy faute d’entretien.

La sculpture métallique L’Oiseau, de l’artiste Danielle Roux, avait été érigée en 1967 sur le terrain du collège à l’occasion de sa fondation. Or, dans les années qui ont suivi, la structure a souffert d’un manque d’entretien, ce qui l’avait conduite dans un premier temps à être déplacée dans un coin moins fréquenté du site du cégep.

En décembre 2019, le Centre de conservation du Québec avait recommandé à l’établissement de démanteler l’oeuvre afin qu’elle soit restaurée. Mais lors de son transport, elle était si abîmée qu’elle s’est brisée de manière irréversible, a rapporté en 2020 le journal Le Soleil. Interrogé par le quotidien de la capitale, le Cégep de Sainte-Foy avait reconnu « qu’il y [avait] eu lacune à [sa] responsabilité d’entretenir et de restaurer les oeuvres d’art sur [son] campus par le passé ».

« C’est indigne de la part d’un cégep qui enseigne les arts, déplore le producteur et réalisateur de films Richard Lavoie, ancien conjoint de Danielle Roux. Les oeuvres d’art mettent de la beauté dans un paysage où le bâti est triste. Le sort réservé à l’oeuvre de Danielle, je trouve ça inconcevable. »

Un long combat

Danielle Roux, qui avait fait don de cette oeuvre au Cégep de Sainte-Foy, est décédée en 1981, à l’âge de 40 ans. Lorsqu’il est retourné vivre à Québec après un exil à Montréal, vers 2008, Richard Lavoie dit avoir découvert l’oeuvre de la mère de ses enfants en piteux état. À partir de 2016, quatre ans avant que l’oeuvre ne soit démolie, il a multiplié les démarches auprès du collège pour que la sculpture soit restaurée.

En 2017, il avait demandé l’avis de trois artistes reconnus, qui avaient conclu que L’Oiseau pouvait être restaurée à coût raisonnable par l’établissement d’enseignement. « Le cégep n’a rien fait », regrette l’homme aujourd’hui âgé de 85 ans.

Richard Lavoie parle aujourd’hui au nom des trois enfants nés de son union avec Danielle Roux, qui sont les ayants droit de l’oeuvre. Ces derniers ont déposé une injonction en Cour supérieure le 1er septembre dernier afin de forcer le Cégep de Sainte-Foy à reconstruire L’Oiseau. Il s’agit de la seule demande de la succession de Danielle Roux. « Ils ne veulent pas d’argent. Ils veulent vraiment juste que l’oeuvre soit reconstruite. Cette histoire est ridicule. Ça dure depuis tellement longtemps », souligne Richard Lavoie.

Selon lui, la démolition de L’Oiseau par le Cégep de Sainte-Foy contrevient à la Loi sur le droit d’auteur, qui protège l’intégrité d’une oeuvre artistique.

Le Cégep de Sainte-Foy a réagi mercredi en fin de soirée à la poursuite intentée par les enfants de Danielle Roux.

L’institution indique avoir mis « beaucoup d’efforts pour trouver un terrain d’entente satisfaisant », en vain. « Notre volonté de trouver une solution est réelle, mais celle-ci doit absolument considérer notre responsabilité en matière de saine gestion des fonds publics », a-t-on ajouté dans une déclaration écrite.

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