Redécouvrir des fresques cachées

Guillaume Tétreault dans l’église qu’il souhaite reconvertir en centre culturel.
Caroline Montpetit Le Devoir Guillaume Tétreault dans l’église qu’il souhaite reconvertir en centre culturel.

Il y a quelque 650 habitants au village de Notre-Dame-de-Stanbridge, dans la municipalité de Brome-Missisquoi. Depuis dix ans, le nombre de fidèles qui fréquentent l’église catholique est passé d’environ 75 à une douzaine, et leur moyenne d’âge tourne autour de 80 ans. La moyenne d’âge du village, elle, est de 43 ans.

Les messes ne s’y célèbrent que deux fois par mois, puisque le curé de la paroisse partage son temps entre Saint-Damien, Bedford, Saint-Philippe de Saint-Armand et Notre-Dame-de-Stanbridge.

L’église, donc, construite en 1875, et où des fresques ont été peintes par François-Édouard Meloche, est habitée pas plus de quatre heures par mois. Le reste du temps, le bâtiment est fermé à clé. Ce qui n’empêche pas les frais de chauffage de dépasser les 16 000 $ par année.

Comme tant d’autres, la fabrique de la paroisse était sur le point de fermer définitivement. Et l’église avec. C’est ce qui a poussé Guillaume Tétreault, la jeune trentaine, à y proposer la création d’un centre culturel.

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Ce texte est publié via notre section Perspectives.

L’organisme, qui s’appelle le Conseil patrimonial communautaire, culturel de Notre-Dame-de-Stanbridge, pourrait devenir propriétaire de l’église et du presbytère, où la fabrique pourra continuer de tenir des messes, célébrer des mariages ou des funérailles aussi longtemps qu’elle le pourra. Le centre culturel pourra présenter, pour sa part, des conférences, des spectacles de musique et des pièces de théâtre.

« Notre objectif, mon objectif, c’est que ce bâtiment-là demeure dans la collectivité », dit Guillaume Tétreault, dont la famille est installée à Notre-Dame-de-Stanbridge depuis cinq générations. « J’ai été baptisé ici et ma grand-mère s’est mariée ici. […] C’est le coeur du village et démolir l’église, c’est impensable. De toute façon, ça coûterait plus cher de la démolir que de la restaurer. »

J’ai été baptisé ici et ma grand-mère s’est mariée ici. […] C’est le coeur du village et démolir l’église, c’est impensable. De toute façon, ça coûterait plus cher de la démolir que de la restaurer.

Et c’est sans parler des quelques corps qui ont été enterrés sous l’église et autour d’elle, avant que le cimetière ne soit déplacé plus loin. « Les gens sont attachés à ça aussi », dit-il.

Des fresques masquées

 

Mais c’est pour restaurer les fresques de François-Édouard Meloche que Guillaume Tétreault s’est d’abord impliqué au Conseil de fabrique. Ces fresques religieuses, comme bien d’autres au Québec, ont été recouvertes de peinture dans les années 1960, alors que le concile Vatican II voulait rénover et modifier les églises pour qu’elles se rapprochent davantage du peuple.

Le même scénario s’est produit à l’église Sainte-Madeleine d’Outremont, où des fresques signées Guido Nincheri ont été recouvertes à la même époque d’une peinture de différents tons de beige. L’Église vient de restaurer trois des onze fresques que le décorateur avait dessinées.

C’était l’époque des « messes à gogo », où des prêtres jouaient de la guitare pour attirer les fidèles. « Dans les années 1960, ils ont aussi mis la hache dans l’orgue, littéralement, parce qu’il ne fonctionnait plus », dit Guillaume Tétreault, qui est aussi organiste. À l’époque, l’Église avait même refusé le don d’un citoyen qui voulait le restaurer, raconte-t-il.

Même si elle est en relative bonne santé, l’église de Notre-Dame-de-Stanbridge aurait besoin d’un nouveau mortier extérieur. Des travaux qui se chiffrent à 1,7 million de dollars. Sans parler des centaines de milliers de dollars que nécessite la restauration des fresques.

Mais Guillaume Tétreault demeure confiant. La municipalité a classé l’église au patrimoine, ce qui permet d’avoir accès à plus de subventions. Et des particuliers ont déjà annoncé leur intention d’aider à financer le centre culturel.

Il cite aussi une étude effectuée pour le compte de la municipalité selon laquelle les gens de sa génération veulent des services de proximité, à moins de dix kilomètres de leur domicile. Le centre culturel de Notre-Dame-de-Stanbridge peut donc très bien desservir les populations de Bedford et de Farnham, qui n’ont pas d’établissements semblables.



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