Les secrets d’une cueilleuse indigène

Jessica Dostie
Collaboration spéciale
Isabelle Simard
Photo: Laurie Cardinal Isabelle Simard

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Avez-vous déjà goûté au lierre terrestre, dont la pointe d’amertume rehausse à coup sûr les salades estivales, à la douceur raffinée des tiges de quenouille ou encore aux feuilles croquantes de l’orpin pourpre ? Autant de saveurs que tente de réhabiliter Isabelle Simard dans son livre Les quatre saisons de la cueilleuse indigène, qui paraît le 6 septembre.

Isabelle Simard, alias la cueilleuse indigène, a été initiée toute jeune à la cueillette des plantes sauvages du Québec. « Ça a toujours fait partie de ma vie », dit-elle en entrevue. Originaire du Bas-Saint-Laurent, elle a passé le plus clair des étés de son enfance à surveiller les talles de menthe et de petites fraises des champs qui poussaient près de chez elle afin de les récolter le moment venu. « Nous faisions aussi lacueillette des noisettes en famille et de plantes de bord de mer pour faire les herbes salées, se souvient la comptable de formation, aujourd’hui convertie en cueilleuse d’ingrédients locaux. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été proche de la nature ; j’étais allumée par ce qu’on pouvait y trouver. »

Il faut dire qu’elle avait de qui tenir : une de ses tantes était elle-même chasseuse-cueilleuse. « C’est d’elle que vient la recette de castor laqué au sirop de pimbina, une recette ancestrale de ma famille que je présente dans mon livre », souligne cette « curieuse de nature », comme elle se décrit elle-même.

Un héritage à transmettre

Mère de quatre enfants, Isabelle Simard a perpétué la tradition à son tour. « Ils connaissent tous les plantesqui nous entourent », confirme-t-elle. Parmi les préférées de la famille, elle cite les épis de lycopode, qu’on pourrait facilement confondre avec des pousses de conifère et qui contiennent, à maturité, une poudre de soufre qui s’enflamme au contact de l’oxygène. « Cette plante est utilisée depuis la nuit des temps par les sorcières et les chamans (et aujourd’hui les magiciens) », raconte-t-elle. Ce n’est pas pour rien que ses enfants attendent chaque année avec impatience la saison (il faut attendre un moment précis : quand les épis sont bien jaunes, mais pas encore ouverts) !

Une autre favorite : le myrique baumier, dont les chatons sont très aromatiques et remplacent avantageusement le poivre. « On peut les égrainer entre nos doigts ou bien les mettre entiers dans un mijoté, explique-t-elle. Pour ma part, je n’achète plus jamais de poivre. » Quant à ses feuilles, elles font une tisane hautement relaxante. « On l’appelle le thé des rêves lucides, parce que ça nous fait rêver. »

Que ce soit dans les ateliers qu’elle offre sur les réseaux sociaux (La cueilleuse indigène sur Facebook) ou quand elle part en forêt avec ses enfants, Isabelle Simard se fait un devoir de rappeler l’importance de la cueillette écoresponsable. « La règle numéro un, c’est de ne pas dépouiller les plants et de ne pas les briser, dit-elle. Le passage du cueilleur ne doit pas être visible. » De la même manière, on résiste à la tentation de faire trop de provisions. « C’est important de cueillir seulement ce qu’on peut manger et transformer nous-mêmes et de ne pas gaspiller. »

Cueillettes automnales

Envie de vous initier à la cueillette de ces végétaux de chez nous un peu tombés dans l’oubli ? Ça tombe bien : selon Isabelle Simard, la fin de l’été et le début de l’automne figurent probablement parmi les meilleures périodes pour s’adonner à cette activité. « En août et en septembre, la nature est à son apogée, dit-elle. On trouve plusieurs petits fruits, comme les bleuets et les cassis, et on peut cueillir plein d’herbes aromatiques pour nos tisanes et nos mélanges d’épices. Même les noix boréales, notamment les noisettes à long bec, sont mûres pour la récolte. »

La cueilleuse indigène recommande toutefois d’apprendre d’abord à bien identifier chaque plante qu’on s’apprête à consommer. C’est vrai pour les champignons, certes, mais aussi pour une variété de plantes indigènes qu’on trouve dans les forêts de la Belle Province. La carotte sauvage, par exemple, délicieuse en potage, ressemble à la ciguë qui, elle, est mortelle.

De même, il faut aussi repérer les végétaux qui, même s’ils sont comestibles, peuvent entraîner des réactions cutanées. Des vêtements longs, voire des gants, sont donc parfois requis, notamment pour déterrer des panais sauvages, une autre racine facile à apprêter en potage et répandue sur notre territoire, mais dont le latex peut provoquer des brûlures quand on en manipule les tiges.

« C’est tellement une belle activité de plein air à faire en famille, en amoureux ou avec des amis, dit Isabelle Simard. Et ensuite, c’est gratifiant de revenir à la maison avec quelque chose qu’on a cueilli nous-mêmes. »

Les quatre saisons de la cueilleuse indigène
Isabelle Simard, Flammarion Québec, Montréal, 2023, 256 pages
En librairie le 6 septembre

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