Les jardins urbains dans l’oeil de Valérian Mazataud

Dans une ville où les bâtiments gris et la monotonie dominent les paysages, des habitants ont choisi de vivre autrement… en se créant leurs petits jardins urbains à l’allure de véritables jungles miniatures. Tantôt juchés, tantôt prenant racine à même le sol, ces espaces verts se distinguent les uns des autres autant par leur disposition que par les espèces qu’ils abritent. Qu’ils aient été bâtis au fil des ans par une ou plusieurs paires de mains, une chose est certaine : ces jardins de ville représentent des havres remplis d’amour, à l’image de leurs propriétaires.

1 Lucie Carignan et son conjoint Guy Sylvestre posent dans leur jardin d’eau de Laval. Le couple a créé ce petit paradis caché durant vingt ans en suivant un livre pas à pas. « Au début on a pris trois semaines de vacances et on a transformé la cour de simple gazon en travaillant tous les jours de 7 h 00 à 19 h 00 », explique simplement Guy. Valérian Mazataud Le Devoir
2 Le « Jardin des muses » abrite aujourd’hui un bassin avec des carpes, des bananiers, une cascade, un bar tiki, un petit pont, une pergola, une terrasse, un gazebo quatre saisons… « On a tout appris par nous-même et on ajoute chaque année une nouveauté », raconte Lucie. « On s’est connu à 45 ans », se souvient Guy, « alors au lieu d’avoir des enfants, on a un jardin comme projet de couple ! » Valérian Mazataud Le Devoir
3 À gauche deux des statues du jardin des muses, et à droite Guy s’adonne à l’arrachage quotidien des mauvaises herbes. Fidèle à leur philosophie selon laquelle « bonheur partagé compte double », le couple reçoit beaucoup d’amis et organise même des visites pour les curieux. « La maman de Guy a passé les neuf derniers mois de sa vie ici », raconte Lucie. Elle nous a dit : « Le paradis est pas plus beau que ça. » Valérian Mazataud Le Devoir
4 En comparaison de ses voisins de Saint-Laurent, le jardin de Nicole Fournier apparaît comme une véritable jungle indomptable où il semble impossible de s’aventurer. Artiste multidisciplinaire, son jardin est son terrain d’expérimentation et de création et ses plantes sont les acteurs de véritables « performances jardinières » depuis presque 20 ans. Valérian Mazataud Le Devoir
5 À gauche, une des fragiles sculptures que Nicole fait évoluer chaque jour pas à pas. À droite, une des tables de travail surchargée de l’artiste. Les caisses de jeunes pousses sont destinées à un des organismes communautaires avec qui Nicole collabore depuis des années lors d’ateliers où elle transmet tout autant son amour et son respect de la nature que sa vision d’un monde à rebours de l’hyperproductivité et du consumérisme. « Quand j’ai eu des enfants, j’ai compris que je devais pratiquer un art qui puisse s’inscrire dans les simples gestes du quotidien », explique-t-elle. Valérian Mazataud Le Devoir
6 Quelques-uns des deux cents jardiniers qui fréquentent le jardin communautaire Basile-Patenaude, dans le Vieux Rosemont, posent au coeur de leur oasis verte, à côté du stationnement d’un supermarché, au coin des rues Masson et d’Iberville. « Certaines personnes âgées du quartier m’ont confié qu’ils cultivaient des légumes ici dans les années soixante », raconte William Bourque, le président du CA. Après une grande phase de revitalisation dans les années 2000, le jardin compte aujourd’hui 96 lots de 10 par 20 pieds. Valérian Mazataud Le Devoir
7 Céline et ses filles Marion et Laurelou arrosent leur parcelle de jardin du jardin communautaire Basile-Patenaude. Le jardin est particulièrement ouvert aux enfants. Une section leur est d’ailleurs réservée. Un camp de jour et une garderie viennent aussi mettre leurs mains dans la terre des potagers et des fleurs. Autour du jardin on trouve une ruelle verte comestible qui fait la joie des habitants du quartier, ainsi qu’un poulailler et des oeuvres d’art ! Valérian Mazataud Le Devoir
8 À gauche des fraises alpines et à droite un artichaut, tous deux cultivés sur des parcelles du jardin communautaire Basile-Patenaude. « On est assez relax au niveau des règlements », reconnaît le président du CA William Bourque. « Certains autres jardins imposent des plantes, des engrais, ou des semences spécifiques, voir un nombre d’heures de travaux communautaires à effectuer. Chaque jardin communautaire a sa dynamique. Pour nous le plus important et que ce soit agréable d’être là. » Valérian Mazataud Le Devoir
9 Des bananiers à Hochelaga ! C’était le rêve (réalisé) de Lucie Hérard quand elle écoutait la chanson « Cartier » où Robert Charlebois imaginait un Mont-Royal couvert de bananiers. C’est grâce à l’arrivée d’Internet qu’elle a pu commencer à cultiver des bananiers et à partager ses expériences. C’est désormais à travers son entreprise « Montréal Tropical » qu’elle vend plusieurs variétés de bananiers tout en continuant à chercher de nouvelles variétés mieux adaptés à la région. « Mon but ultime c’est d’avoir des bananes québécoises ! » Valérian Mazataud Le Devoir
10 À gauche une fleur de Canna cannova Orange et à droite un bananier maurelii. Chaque automne Lucie Hérard doit couper, protéger et rentrer ses plantes vivaces. « J’en donne beaucoup et j’ai des techniques pour ne pas jeter mes plantes, mais c’est impossible que tout rentre dans la maison », regrette-t-elle. Chaque année des voisins venus d’Inde, du Mexique ou de Thaïlande viennent récupérer les feuilles de bananiers pour les utiliser pour des recettes de cuisine ou de l’artisanat. « Les gens s’en vont les mains pleines et très contents », et Lucie s’avoue heureuse de « pouvoir partager le bonheur ». Valérian Mazataud Le Devoir
11 Rémi Froment pose dans son jardin dans le centre-ville de Montréal, en plein îlot de chaleur. Ce vétérinaire de formation, passionné de nature et d’animaux depuis ses dix ans a choisi de privilégier les plantes pour les pollinisateurs avec un intérêt très marqué pour les asclépiades, seule famille de plantes que le papillon monarque peut utiliser pour compléter son cycle de reproduction. Plus qu’un jardin, Rémi Froment veut recréer un véritable écosystème dans sa cour avant. Valérian Mazataud Le Devoir
12 À gauche Rémi Froment arrose son jardin tous les soirs, sauf s’il pleut bien sûr. À droite, une abeille butine une fleur de faux Tournesol. Ici chaque plante est là pour aider une espèce d’insecte, même les orties sont là pour permettre la ponte du papillon Vulcain. L’hiver par contre, la plus grande menace du jardin sont les rats d’égout qui pullulent dans le centre-ville. Ainsi pour protéger son jardin contre l’humidité, le sel et les rats, Rémi Froment enferme ses plantes en dormance dans des boîtes en bois durant toute la saison morte. Valérian Mazataud Le Devoir
13 Patricia Gagnon et son chien Marty posent devant la petite cabane de son jardin, rebaptisée « La petite serre en ville », dans Rosemont. Voilà sept ans que cette passionnée de jardinage s’est lancée dans la création de son petit paradis. Elle a construit la serre il y a quatre ans en utilisant des matériaux recyclés. « C’est comme ajouter une pièce à la maison », explique Patricia qui aime par-dessus tout « regarder ses plantes ». Valérian Mazataud Le Devoir
14 À gauche un oignon égyptien, et à droite un plant de pavot, deux des plantes peu communes qui côtoient les kiwis, le houblon, le kale ou les aubergines dans le jardin de Patricia. « Tous les matins je fais le tour de mon jardin avec mon café, et je prends beaucoup de photos ! » Valérian Mazataud Le Devoir
15 Séréna Royer et sa fille Olivia, 8 ans, sur le toit de leur maison de Dorval où est installé le potager de la famille. « Mes grands-parents avaient une ferme, alors pour moi, travailler la terre c’est dans mon code génétique. C’est important de transmettre à ma fille que derrière les légumes que tu achètes à l’épicerie, il y a une histoire, des efforts, des familles, de la sueur, du labeur… » Lorsqu’elle a dû refaire son toit, l’entrepreneur lui a proposé de poser une membrane de protection adaptée à un jardin. Valérian Mazataud Le Devoir
16 À gauche, un mélange de fleurs de capucines papayes et crèmes. À droite, le sac de jardinage de Séréna Royer. L’été la famille mange au rythme des légumes du potager : tomates un jour, concombres ou courgettes le lendemain. « Chaque année on expérimente de nouvelles variétés », explique Séréna qui se définit comme une « jardinière paresseuse », plus portée sur l’essai-erreur. Valérian Mazataud Le Devoir

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