Couillard enterre (presque) Anticosti

Couillard tient à faire savoir aux entreprises pétrolières qu’il n’a «aucun enthousiasme pour les hydrocarbures» et que «l’avenir du Québec ne repose pas dans les hydrocarbures. Absolument pas!»
Photo: Annik MH De Carufel Archives Le Devoir Couillard tient à faire savoir aux entreprises pétrolières qu’il n’a «aucun enthousiasme pour les hydrocarbures» et que «l’avenir du Québec ne repose pas dans les hydrocarbures. Absolument pas!»
Le premier ministre du Québec n’a aucun enthousiasme pour l’exploitation pétrolière à l’île Anticosti et s’il n’en tenait qu’à lui, il n’aurait jamais signé le contrat d’exploration qui devrait permettre bientôt aux compagnies pétrolières de faire de la fracturation. En voyage à Paris où il fait de nombreuses rencontres à la Conférence de l’ONU sur le climat, Philippe Couillard a affirmé plus que jamais que la seule raison pour laquelle cette exploration se poursuit, c’est afin d’éviter aux Québécois les pénalités prévues en cas de rupture du contrat.

« Anticosti, moi je n’ai rien à voir avec ce projet-là, a-t-il déclaré. Je l’ai trouvé à mon arrivée. J’aurais préféré ne pas le trouver parce que je m’étais opposé à ce projet quand j’étais dans l’opposition. [...] S’il y a le moindre risque, le moindre risque, pour ce milieu naturel extraordinaire qu’est Anticosti, le projet n’aura pas lieu. »

Le premier ministre tient d’ailleurs à faire savoir aux entreprises pétrolières qu’il n’a « aucun enthousiasme pour les hydrocarbures » et que « l’avenir du Québec ne repose pas dans les hydrocarbures. Absolument pas ! » Cet avenir, dit-il, repose d’abord dans les réserves d’eau douce du Québec, son hydroélectricité et la fabrication de voitures électriques.

Le premier ministre laisse clairement entendre que les audiences publiques qui s’ouvriront dans un an ont toutes les chances de faire cesser l’exploration. Alors, pourquoi ne pas annuler le contrat tout simplement, comme la suggestion en a souvent été faite au premier ministre ? « Le problème qu’on a, c’est qu’on a un contrat signé [...] avec des pénalités en cas de non-respect, dit le premier ministre. Alors je souhaite qu’on arrive à la bonne conclusion, mais il faut le faire correctement pour protéger les contribuables du Québec. »

Avant même les audiences publiques prévues seulement en novembre 2016, le premier ministre n’hésite pas à émettre lui-même de gros doutes sur la possibilité de faire de tels forages sans répercussions sur le milieu naturel. « À ma connaissance, il n’y a pas de précédent ailleurs de fracturation dans un milieu insulaire dans le milieu d’un golfe stratégique comme le golfe Saint-Laurent. »

La déclaration a réjoui les organisations écologistes qui combattent ce projet depuis des années. « Je n’avais jamais entendu de déclaration aussi claire du premier ministre », a aussitôt déclaré Steven Guilbault, directeur d'Équiterre visiblement réjoui.

Patrick Bonin de Greenpeace se félicitait lui aussi de cette sortie sans précédent du premier ministre. « Mais, dit-il, si l’on voulait interrompre le contrat, il n’y avait qu’à tenir des audiences publiques avant les forages exploratoires. Car, même en mode exploration, il y a un risque écologique. » Selon les études les plus récentes, le sous-sol de l’île Anticosti ne recelerait que 22 % de pétrole et 78 % de gaz.

Cette intervention du premier ministre est survenue alors qu’il venait d’annoncer, sur les lieux de la COP 21 au Bourget près de Paris, une contribution québécoise de 25,5 millions de dollars afin d’aider les pays de l’Afrique francophone à faire face au réchauffement climatique.   

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