Le parti du candidat assassiné en Équateur s’est trouvé un remplaçant

Si sa candidature doit encore être validée par le Conseil national électoral (CNE), le journaliste Christian Zurita a d’ores et déjà fait savoir qu’il suivrait intégralement le projet politique de son ami défunt.
Martin Bernetti Agence France-Presse Si sa candidature doit encore être validée par le Conseil national électoral (CNE), le journaliste Christian Zurita a d’ores et déjà fait savoir qu’il suivrait intégralement le projet politique de son ami défunt.

À six jours du vote pour la présidentielle en Équateur, le parti centriste du candidat Fernando Villaviciencio, assassiné la semaine dernière, s’est trouvé un remplaçant, le journaliste Christian Zurita, pour mener la bataille dans une élection marquée par la lutte contre la criminalité et le trafic de drogue.

M. Villavicencio, qui était lui-même un journaliste de 59 ans, en croisade contre la corruption dans son pays, était en deuxième position dans les enquêtes sur les intentions de vote à la présidentielle, quand il a été tué par balle alors qu’il quittait une réunion électorale dans la capitale, Quito.

Dimanche, le parti Construye de Fernando Villavicencio a choisi son successeur, Christian Zurita, 53 ans, pour le représenter au scrutin prévu le dimanche 20 août prochain.

Si sa candidature doit encore être validée par le Conseil national électoral (CNE), M. Zurita a d’ores et déjà fait savoir qu’il suivrait intégralement le projet politique de son ami défunt.

Samedi, le parti avait choisi dans un premier temps l’écologiste Andrea Gonzalez, qui était candidate à la vice-présidence au côté de M. Villavicencio, mais il est revenu sur sa décision, de peur que les règles électorales n’invalident sa candidature.

Il existe une incertitude sur le fait de savoir si elle pouvait passer de candidate à la vice-présidence à candidate au poste suprême. Dans le doute, et faute de réponse du CNE dans le délai imparti, il a choisi de présenter M. Zurita.

Depuis l’ouverture de l’enquête sur l’assassinat du candidat, six Colombiens ont été arrêtés.

Lors d’une nouvelle conférence de presse dimanche, le commandant de la police, le général Fausto Salinas, a précisé que les personnes arrêtées ont de lourds casiers judiciaires, qu’ils ont commis une « infinité de crimes » liés aux trafics d’armes et de drogue, enlèvements et vols.

Le ministre de l’Intérieur, Juan Zapata, quant à lui, a assuré que les enquêteurs poursuivent leurs recherches pour retrouver le commanditaire.

Situé entre la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs de cocaïne du monde, l’Équateur est confronté à une inquiétante hausse du trafic de drogue et de la violence des gangs.

En 2021, le pays a saisi un record de 210 tonnes de stupéfiants et 201 tonnes l’année suivante.

L’Équateur a vu en 2022 le taux d’homicides presque doubler par rapport à l’année précédente, s’établissant à 26 pour 100 000 habitants.

Nouvelle prison et militarisation

 

Dans ce contexte, la question de la criminalité et de la lutte contre le trafic de drogue s’est invitée dimanche lors du débat entre les sept candidats à l’élection présidentielle, qui a débuté après une minute de silence à la mémoire du centriste Fernando Villavicencio.

Pour marquer l’absence du candidat assassiné, une chaise vide a été placée sur le plateau télévisé, où le dispositif de sécurité a été renforcé.

Le candidat de droite Daniel Noboa portait un gilet pare-balles, tandis que l’avocat indigène Yaku Pérez, candidat de gauche, exhibait un ruban noir sur sa poitrine.

« Nous allons construire ce nouveau pénitencier sur la côte en toute sécurité pour le retirer du centre urbain de Guayaquil », l’une des villes les plus violentes du pays, a déclaré la candidate Luisa Gonzalez, proche de l’ancien président de gauche Rafael Correa (2007-2017).

Le grand complexe pénitentiaire de Guayaquil a été le théâtre des pires massacres carcéraux du pays. Depuis février 2021, plus de 430 prisonniers ont été tués dans la guerre que se livrent les gangs pour dominer le trafic de drogue.

 

De son côté, l’ancien vice-président Otto Sonnenholzner (droite) a proposé de restreindre l’entrée des étrangers « avec un passé judiciaire » en Équateur.

Selon Jan Topić (droite), ancien membre de la Légion française, la clé de la lutte contre la criminalité serait « d’équiper et de former nos forces de l’ordre et d’intégrer toutes les sources de renseignement pour découvrir comment l’argent sale des trafiquants de drogue et les gens corrompus se déplacent ».

Pour limiter le trafic de drogue, Xavier Hervas (centre droit) a proposé de « militariser les ports maritimes et les aéroports internationaux » pour dissuader les cartels de faire transiter par l’Équateur les cargaisons à destination des États-Unis et de l’Europe.

Yaku Pérez préconise des patrouilles de la force publique et la présence « d’enseignants et de médecins » auprès des populations les plus touchées par la violence.

À voir en vidéo