Le fils du président de la Colombie admet que de l’argent sale a servi à la campagne présidentielle

Le président colombien Gustavo Petro n’a pas démenti le financement illégal de sa campagne évoqué par son fils.
Daniel Munoz Agence France-Presse Le président colombien Gustavo Petro n’a pas démenti le financement illégal de sa campagne évoqué par son fils.

Le fils aîné du président colombien Gustavo Petro, actuellement en garde à vue pour blanchiment, a reconnu que de l’argent d’un trafiquant de drogue avait servi à financer la campagne électorale de son père qui n’a pas démenti, plaçant le gouvernement de gauche en délicate posture.

Nicolas Petro « a reçu d’importantes sommes d’argent de M. Samuel Santander Lopez Sierra, connu sous le nom de Marlboro Man » et condamné pour trafic de drogue aux États-Unis, a déclaré le procureur chargé de l’affaire, Mario Burgos, au cours d’une audience du tribunal jeudi.

« Une partie de cet argent a été utilisée par Nicolas Petro lui-même […] et une autre partie a été investie dans la campagne présidentielle de 2022 », a expliqué le procureur, à l’issue d’une audition du suspect.

Le président n’a pas démenti le financement illégal de sa campagne évoqué par son fils.

En revanche, à l’occasion d’une rencontre avec des agriculteurs à Sincelejo, il s’est contenté de nier avoir été au courant de ces mouvements financiers, comme certains ont pu le prétendre.

« Ce qui n’arrivera jamais […] c’est que l’on dise que l’actuel président de la République ait initié ou été complice d’un délit commis par l’un de ses fils ou l’une de ses filles, car cela ne s’est pas produit », a-t-il affirmé.

Et d’ajouter : « si c’était le cas, ce président devrait partir aujourd’hui ».

« Processus de collaboration »

Nicolas Petro, 37 ans, ancien député sur la côte caribéenne de la coalition de gauche du Pacte historique, est depuis samedi en garde à vue, accusé d’avoir « acquis, investi, dissimulé, couvert et donné l’apparence de la légalité » à de l’argent obtenu de manière irrégulière, ainsi que d’avoir « augmenté de manière injustifiée » son « patrimoine économique ».

Après avoir d’abord rejeté ces accusations, le fils du premier président de gauche de l’histoire de la Colombie (élu à l’été 2022) avait finalement changé de ton, se disant prêt à « entamer un processus de collaboration » avec la justice.

Selon la presse locale, Nicolas Petro a pris connaissance entre-temps de nouvelles preuves contre lui de la part du procureur Burgos, qui lui aurait proposé une réduction de 50 % de la peine encourue en échange de ses aveux.

L’aîné des six enfants du président était jusque-là placé en détention dans les locaux du procureur, mais il va désormais être assigné à résidence.

« Il n’est pas envisageable qu’il fasse obstruction à la justice, d’autant qu’il a renoncé à ses droits et indiqué être prêt à fournir toutes les preuves pertinentes », a expliqué le procureur.

Après avoir été trompée, l’ex-épouse de Nicolas Petro, Daysuris Vasquez l’avait accusé en mars d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent de la part de narcotrafiquants, prétendument destinées à la campagne présidentielle de son père et qu’il aurait utilisées pour mener une vie de luxe dans la ville de Barranquilla.

Selon le procureur Burgos, Samuel Santander Lopez Sierra, qui a purgé 18 ans de prison pour trafic de drogue aux États-Unis, a remis à Nicolas Petro quelque 400 millions de pesos, soit plus de 130 000 dollars canadiens.

Alfonso « le Turc » Hilsaca, un homme d’affaires accusé par le passé d’avoir financé des groupes paramilitaires et de planifier des assassinats, lui aurait donné la même somme, selon le procureur.

Samedi, après l’arrestation de son fils lors d’une méga opération policière, le président Petro a assuré qu’il garantirait l’indépendance de la justice, tout en se disant solidaire de son fils.

Ces poursuites judiciaires, particulièrement embarrassantes pour le chef de l’État qui a promis de rompre avec la corruption et les vieilles pratiques de la politique colombienne, interviennent à la veille de la célébration de son premier anniversaire au pouvoir, le 7 août.

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