La socialiste Gonzalez affrontera Daniel Noboa au second tour de la présidentielle en Équateur

Des soldats montaient la garde devant le Conseil électoral national d’Équateur, à Quito, vendredi. Sous la surveillance de près de 100 000 policiers militaires, les 13,4 millions d’électeurs avaient jusqu’à 17 h dimanche pour élire leur président.
Rodrigo Buendia Agence France-Presse Des soldats montaient la garde devant le Conseil électoral national d’Équateur, à Quito, vendredi. Sous la surveillance de près de 100 000 policiers militaires, les 13,4 millions d’électeurs avaient jusqu’à 17 h dimanche pour élire leur président.

La candidate de gauche Luisa Gonzalez, dauphine de l'ex-président Rafael Correa en exil, est sortie vainqueur du premier tour de la présidentielle en Equateur dimanche, scrutin hors norme marqué par l'assassinat de l'un des favoris et la violence des narcos sévissant dans le pays.

Mme Gonzalez affrontera au second tour le 15 octobre prochain Daniel Noboa, candidat de droite et challenger inattendu de cette présidentielle anticipée, visant à trouver un successeur à l'impopulaire président conservateur sortant Guillermo Lasso.

Mme Gonzalez cumule 33% des voix, et Daniel Noboa arrive en deuxième position avec 24%, selon des résultats du Conseil national électoral (CNE) portant sur 83% des bulletins dépouillés.

« Ces résultats donnent déjà le ton pour que les Équatoriens se rendent à un second tour de scrutin le 15 octobre », a déclaré la présidente du CNE, qui a félicité « l'attitude démocratique des candidats ».

Le journaliste Christian Zurita, qui a remplacé au pied levé le candidat centriste assassiné la semaine dernière Fernando Villavicencio, est en troisième position avec 16%.

Jan Topic, un ancien de la Légion étrangère française au discours musclé contre les groupes criminels, arrive quatrième avec 14%, suivi de l'ex-vice président Otto Sonnenholzner (7%) et du candidat indigène Yaku Perez (3,8%).

« Grand triomphe »

Le scrutin se déroulait 11 jours après la mort à Quito, sous les balles d’un commando de tueurs à gages colombiens, du candidat centriste Fernando Villavicencio, un ex-journaliste de 59 ans et l’un des favoris du scrutin.

Quelque 82 % des 13,4 millions électeurs se sont rendus aux urnes, selon la commission électorale (CNE), qui a salué une mobilisation « massive » et un scrutin sans incident, juste marqué par des « difficultés » rapidement surmontées pour le vote par Internet depuis l’étranger.

Les Équatoriens votaient pour élire leur président, leur vice-président et les 137 députés du Congrès monocaméral. Ces résultats préliminaires augurent d’un second tour le 25 octobre prochain.

À leur annonce, Mme Gonzalez, seule femme en lice pour ce scrutin, a célébré un « grand triomphe ». « Nous entrons dan l'histoire », a clamé celle qui a longtemps été donnée favorite des sondages, pronostiquant « une grande seconde victoire définitive » au second tour.

« Plus que jamais, continuons tous ensemble! », a célébré son futur adversaire M. Noboa, assurant que « la jeunesse l'avait choisi ».

Partisan de la méthode forte contre les gangs, le benjamin de l'élection (35 ans) est le fils de l'un des hommes les plus riches du pays, plutôt libéral et adversaire résolu du corréisme.

Clin d'oeil du destin, Rafael Correa avait été élu en 2007 face à Alvaro Noboa, le père de Daniel. Noboa père est une homme d'affaires richissime, qui a construit un empire autour des exportations de bananes, mais aussi un personnage controversé, accusé notamment d'évasion fiscale.

« Profonde gratitude »

« Avec une profonde gratitude envers tous les Équatoriens, nous réaffirmons que notre patrie est toujours la première », a commenté le candidat Zurita. « Fernando, notre courageux et éternel président, nous honorons ta mémoire avec respect », a-t-il lancé sur le réseau X.

Avec son ami et collègue Villavicencio, ils avaient mis au jour ces dernières années de retentissants scandales de corruption, dont l’enquête qui a abouti à la condamnation de Rafael Correa à huit ans de prison et à son départ en exil.

Les huit candidats ont voté sans incident, mais toujours sous d’omniprésentes escortes, et en gilet pare-balles apparent pour au moins deux d’entre eux.

Taux d’homicide record, massacres entre gangs rivaux dans les prisons… Jusqu’à il y a peu surtout réputé pour ses bananes, ses crevettes et les emblématiques îles Galapagos, l’Équateur a été contaminé ces dernières années par le trafic de drogue venant de Colombie et du Pérou, organisé par les cartels mexicains.

À cette violence s’ajoute une crise institutionnelle privant le pays de Congrès depuis trois mois après la décision du président Guillermo Lasso d’appeler à ces élections générales anticipées pour éviter sa destitution sur fond d’accusations de corruption.

Ce dimanche, les Équatoriens se prononçaient aussi par référendum sur la poursuite ou non de l’exploitation pétrolière dans la forêt amazonienne de Yasuni (Nord-Est), terre indigène et réserve unique de biodiversité. Une consultation « historique » aux yeux des défenseurs de l’environnement et du climat, alors que le pétrole amazonien est le premier produit d’exportation du pays et source de financement majeur de l’État.

Toujours selon les premières tendances dimanche soir, 58 % des électeurs se prononçaient en faveur de la suspension de la production.

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