Investissement immobilier: élargir ses horizons

Sophie Ginoux Collaboration spéciale
Les ventes de maisons unifamiliales au Québec ont augmenté de 19% à 29% par rapport à l’an dernier.
Photo: Phil Hearing / Unsplash Les ventes de maisons unifamiliales au Québec ont augmenté de 19% à 29% par rapport à l’an dernier.

Ce texte fait partie du cahier spécial Les grands bâtisseurs

Malgré la précarité actuelle de plusieurs secteurs économiques, ainsi que le climat d’incertitude lié à la durée de la crise sanitaire, le marché de l’immobilier au Québec est plus actif que jamais. Pour en comprendre les raisons, mais aussi les enjeux, nous nous sommes adressés à Stéphanie George, professionnelle du secteur immobilier et professeure à HEC Montréal.

Les dernières statistiques présentées par la firme JLR Solutions foncières et par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) sont claires : cet été, les ventes immobilières ont bondi au Québec, et la tendance ne semble pas s’essouffler. Par rapport aux chiffres enregistrés à la même période en 2019, les ventes de maisons unifamiliales ont effectivement augmenté de 19 % à 29 %, et celles d’appartements en copropriété et de multiplex ont connu une croissance mensuelle de près de 10 %. Des résultats spectaculaires qui expliquent que, même si le marché immobilier a connu une stagnation entre les mois de mars et de juin 2020, le bilan annuel indique des hausses de 5 à 25 % des ventes pour tous les types d’habitation et dans toutes les régions de la province.

Bulle immobilière

 

Dans un contexte pandémique, un tel résultat peut paraître surprenant. « Les experts s’attendaient à un rééquilibrage après le confinement du printemps, mais ils ont plutôt assisté à l’amplification de la surenchère immobilière que l’on connaissait avant l’arrivée de la COVID-19 », confirme Stéphanie George. En utilisant le mot surenchère, l’enseignante en stratégie d’investissement en immobilier fait référence à un marché où la demande dépasse la capacité de l’offre, ce qui entraîne une rareté des propriétés en vente et la hausse de leur prix.

Selon Mme George, cette situation est due à plusieurs facteurs : « Certaines personnes qui devaient vendre leur bien ont reporté leurs plans. Et d’autres ont continué leur projet d’achat grâce au maintien de leur emploi ou aux aides gouvernementales. » L’experte souligne également que la pandémie a accéléré une mutation des besoins des acheteurs, aussi bien dans le secteur résidentiel que commercial : « Ils recherchent de plus grands espaces, plus près de leur travail ou plus flexibles, plus verts et avec plus de services de proximité. »

Investir, un bon choix ?

Même si l’investissement immobilier peut connaître des hauts et des bas, il est loin d’être aussi volatile que le marché boursier, sans constituer pour autant une valeur refuge comme l’or. Elle-même propriétaire d’un portefeuille d’investissements, Stéphanie George recommande à ceux qui disposent déjà de propriétés ou qui souhaitent investir dans la pierre de penser à moyen ou à long terme, même en cette période incertaine.

Ils doivent aussi, selon l’experte, coller aux tendances du marché : « Comme la population du Québec est amenée à vivre de plus en plus longtemps et à réaliser du télétravail, il est important de considérer l’achat d’espaces où la mixité, le bon vivre, l’environnement, la mobilité et la densité des services font partie de l’offre. Des pôles réunissant au même endroit des PME, des boutiques, des espaces verts et plusieurs choix d’habitation sont à mon sens très porteurs, en ville comme en banlieue. »

En région, la disparité des prix en immobilier est toujours présente, mais elle tend à s’estomper au fur et à mesure que le télétravail s’intègre dans les foyers et que les entreprises se délocalisent. « Les gens sont prêts à s’éloigner pour gagner en qualité de vie, affirme Mme George, alors investir dans de futurs pôles économiques, les maisons unifamiliales ou, pourquoi pas, les terrains, notamment ceux qui sont au bord d’un lac, peut être un bon choix. Il ne faut pas hésiter à élargir ses horizons. »

Perspectives pour 2021

 

Il est difficile pour Stéphanie George de dire à quoi ressemblera le marché immobilier québécois dans quelques mois. En effet, certains éléments, comme la durée de la crise sanitaire, une hausse des taux d’intérêt, une potentielle récession, ainsi qu’un accroissement des faillites et des défauts de paiement d’hypothèques — selon la SCHL, 760 000 prêts hypothécaires au Canada ont fait l’objet de paiements reportés ou manqués en raison de la pandémie — pourraient mêler les cartes des investisseurs. « Mais ils pourraient aussi rééquilibrer les prix des propriétés à la baisse et constituer des occasions pour les acheteurs », souligne l’experte, qui conseille de demeurer à l’affût de ces indices.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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