Le Devoir

Les prix des propriétés ont-ils augmenté ou diminué près de chez vous ?

Les prix des propriétés ont-ils augmenté ou diminué près de chez vous ?

7 juin 2023

La folie immobilière provoquée par la pandémie n’a pas eu le même effet dans toutes les régions du Québec. Au cours de la dernière année, la banlieue de Montréal — sur la Rive-Nord comme sur la Rive-Sud — a connu les plus grandes corrections de prix, à l’instar de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Dans le Bas-Saint-Laurent, les prix ont au contraire continué de grimper.

« Avec les hausses consécutives des taux d’intérêt depuis l’été dernier, les prix ont baissé de 19 % entre le sommet d’avril 2022 et décembre 2022 », constate d’emblée Charles Brant, directeur du Service de l’analyse du marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). « Mais depuis ce temps-là, ils ont repris à la hausse. » La diminution moyenne des prix des maisons au Québec n’est ainsi que de 4 % entre le premier trimestre de 2022 et celui de 2023.

Malgré la tendance générale, une transaction sur dix s’est conclue avec de la surenchère au début de cette année. C’est comparable à ce qu’on voyait avant la pandémie, donc une accalmie par rapport à l’an dernier, alors qu’une transaction sur deux faisait l’objet d’une surenchère. « On était à des niveaux extrêmement élevés, historiques même », note l’analyste.

Les prix des propriétés ont-ils augmenté ou au contraire diminué près de chez vous ? Le Devoir a obtenu les données des ventes de maisons unifamiliales et de condos effectuées sur Centris entre le 1er janvier et le 31 mars de 2022 et de 2023.


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La grande région de Montréal, des réajustements en périphérie

L’île de Montréal semble somme toute à l'abri des corrections de prix vécues par sa banlieue. Avec le retour au bureau en mode hybride ou à temps plein, les gens sont plus prudents quand ils achètent une maison éloignée de leur lieu de travail, note Charles Brant. « Les gens sont plus rationnels. Et plusieurs ont réalisé qu’ils n’étaient pas faits pour vivre à l’extérieur des centres urbains. »

Dans les banlieues et aux extrémités de la métropole, les prix, qui ont diminué, font dire à l’expert que le bond vécu l’an dernier était probablement trop grand. C’est justement en banlieue de Montréal que la surchauffe était la plus forte il y a un an.

« Ce qu’on a connu au cours de la deuxième moitié de 2022, c’est une correction des prix issue de la disparition du phénomène de surenchère pendant un moment. Ça veut dire que, soudainement, les prix payés se sont réajustés aux prix affichés », explique Charles Brant.

Parmi les endroits où il y a eu les plus grandes corrections de prix, on compte, sur la Rive-Sud, Saint-Lambert (-35 %) et Saint-Constant (-29 %). De l’autre côté de la métropole, le quartier Duvernay (-25 %), à Laval, et le secteur de La Plaine (-20 %), à Terrebonne, ont enregistré les plus fortes baisses cette dernière année.

Au contraire, les prix des ventes de propriétés effectuées au cours du premier trimestre de 2023 dans les arrondissements de Saint-Laurent et d’Ahuntsic-Cartierville étaient plus élevés de 21 % par rapport à la même période en 2022.

Dans les centres de villégiature, c’est le calme après la tempête

« Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas faits pour vivre à l’extérieur des centres urbains », rappelle Charles Brant. L’achat d’une propriété éloignée de la ville, une décision souvent émotive, ne s’avère pas un bon choix pour tous. Les acheteurs de la pandémie se transforment ainsi en vendeurs lorsque le retour au bureau redevient obligatoire. « Les gens sont plus rationnels » quant au choix de localisation de leur nouvelle propriété, ajoute l’analyste.

Toutefois, la majorité des propriétés se trouvant dans des lieux de villégiature demeurent des résidences secondaires. Et les gens se départissent de celles-ci en premier s’ils font face à des soucis financiers, par exemple à cause des taux d’intérêt élevés depuis un an.

C’est pourquoi ces secteurs sont moins populaires, estime M. Brant : les gens sont plus prudents et préfèrent attendre que l’économie se stabilise avant d’acheter une maison secondaire.

Cette situation est particulièrement visible dans les Laurentides, notamment à Sainte-Adèle (les prix ont baissé de 44 %) et à Mont-Tremblant (-30 %), mais aussi dans la région Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (-20 %).

Le Bas-Saint-Laurent, là où la crise persiste

Un phénomène contraire se produit dans le Bas-Saint-Laurent, où une crise du logement fait toujours rage. Devant la faible disponibilité de résidences, en location comme sur le marché de la revente, les prix poursuivent leur hausse.

Cette crise serait causée par le manque de logements, mais aussi par le manque de places dans les résidences pour personnes âgées, selon Charles Brant. « Ces résidences ne sont pas en mesure de continuer à offrir des services à cause de l’inflation et de la pénurie de main-d’œuvre. Il y en a qui ferment, ce qui freine les personnes âgées à remettre leurs propriétés sur le marché », relève le directeur de l’APCIQ.

Seules les municipalités de Rimouski (+22 %), de Rivière-du-Loup (+10 %) et de Matane (-13 %) ont franchi le seuil minimal de cinq ventes par trimestre pour l’analyse des données. En moyenne, les prix ont augmenté de 8 % entre le premier trimestre de 2022 et celui de 2023, soit la plus forte hausse régionale à l’échelle du Québec.