La grève dans l’automobile aux États-Unis devrait affecter les usines canadiennes

«À ce jour, nous avons reçu deux offres économiques de Ford Motor Company et nous avons rejeté les deux. Cela devrait vous dire que ces offres n’ont pas répondu à nos attentes», a expliqué jeudi la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, que l’on voit ici lors d’une conférence de presse sur le sujet fin août.
Tijana Martin La Presse canadienne «À ce jour, nous avons reçu deux offres économiques de Ford Motor Company et nous avons rejeté les deux. Cela devrait vous dire que ces offres n’ont pas répondu à nos attentes», a expliqué jeudi la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, que l’on voit ici lors d’une conférence de presse sur le sujet fin août.

Une grève des travailleurs du secteur automobile canadien pourrait encore être évitée puisque le syndicat Unifor affirme que les négociations contractuelles avec Ford Motor ne sont pas au point mort, mais des experts estiment que le secteur pourrait de toute façon être bientôt affecté par la grève des travailleurs de l’automobile aux États-Unis.

La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, a indiqué jeudi soir, dans une mise à jour à ses membres, que le syndicat avait rencontré de la résistance dans ses négociations jusqu’à présent.

« À ce jour, nous avons reçu deux offres économiques de Ford Motor Company et nous avons rejeté les deux. Cela devrait vous dire que ces offres n’ont pas répondu à nos attentes », a expliqué Mme Payne.

Cependant, elle a ajouté que « les négociations [n’étaient] en aucun cas au point mort » et que le syndicat avait jusqu’à l’expiration du contrat actuel, soit lundi en fin de journée, pour parvenir à un accord. Après cela, il pourrait annoncer une grève.

Pendant ce temps, quelque 13 000 travailleurs américains de l’automobile ont déclenché une grève vendredi, ciblant une usine de chacun des trois grands constructeurs automobiles du pays.

Les membres du syndicat United Auto Workers (UAW) ont commencé à manifester devant une usine d’assemblage de General Motors à Wentzville, dans le Missouri, une usine Ford à Wayne, dans le Michigan, près de Detroit, et une usine Stellantis Jeep à Toledo, dans l’Ohio.

C’était la première fois en 88 ans d’histoire du syndicat qu’il se retirait simultanément des trois entreprises après l’expiration des conventions collectives de quatre ans avec les entreprises, qui avait lieu jeudi à 23 h 59.

Industries interconnectées

 

La grève, bien que limitée pour l’instant, pourrait bientôt avoir des effets sur les fournisseurs de pièces canadiens, dont le travail est profondément intégré à celui de l’industrie américaine, a observé le président de l’Association des fabricants de pièces automobiles, Flavio Volpe.

« À l’heure actuelle, avec la fermeture de ces usines, ce n’est pas un coup immédiat, mais cela pourrait l’être très bientôt », a estimé M. Volpe.

« Si nous assistons à un arrêt prolongé ou à une grève prolongée, cela aura certainement un effet sur le volume de production, sur les lignes des fournisseurs de pièces canadiens. »

Il a expliqué que les fournisseurs de pièces détachées pourraient continuer à produire malgré la fermeture des usines, mais qu’ils ne pouvaient réellement conserver qu’un ou deux jours de stocks.

Et même si les travailleurs américains ont déjà débrayé et que le président de l’UAW, Shawn Fain, a adopté un ton combatif lors de cette ronde de négociations, M. Volpe a souligné que les circonstances étaient différentes au Canada, où le syndicat et l’industrie ont travaillé en étroite collaboration sur certaines questions.

« Nous sommes attentifs, comme nous le sommes toujours, mais je ne fais certainement aucune équivalence entre les pourparlers d’Unifor et ceux de l’UAW », a-t-il précisé.

Pas encore de répercussions

 

Sam Fiorani, vice-président des prévisions mondiales de véhicules chez AutoForecast Solutions, a pour sa part indiqué qu’il n’y avait pas encore de répercussions sur les fournisseurs canadiens, mais que cela se produirait si la grève persistait.

« Il est probable que dans quelques semaines, si la grève se poursuit, elle affectera un certain nombre de petites entreprises des deux côtés de la frontière. »

Il a souligné que les usines que l’UAW avait choisi de cibler n’affectaient aucune des activités de groupe motopropulseur des trois géants de Detroit au Canada, laissant à Unifor la possibilité de faire la grève dans ces usines.

« Alors qu’Unifor négocie presque au même moment, il est peu probable que l’UAW cible quoi que ce soit qui aurait un impact significatif sur les fournisseurs ou les usines canadiennes, simplement pour qu’Unifor puisse avoir la possibilité unique de cibler ses propres usines. »

Jusqu’à présent, même les grèves américaines sont assez limitées, car l’UAW cherche à faire pression sur les constructeurs automobiles pour qu’ils fassent davantage de concessions, a affirmé M. Fiorani.

« C’est un inconvénient mineur pour les trois géants de DÉtroit, et c’est juste pour leur montrer qu’ils peuvent fermer les usines s’ils le souhaitent. »



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