Les splendeurs du vignoble bordelais au fil de l’eau

Marie-Claude Di Lillo
Collaboration spéciale
Le MS «Cyrano de Bergerac» de CroisiEurope
Photo: Gregory Geraul Le MS «Cyrano de Bergerac» de CroisiEurope

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

Plus vaste région viticole de France, Bordeaux bénéficie d’une forte réputation internationale. Des noms mythiques, tels que Pétrus, Haut-Brion ou Mouton Rothschild, résonnent parmi les amateurs de bons vins. La région offre aussi beaucoup d’autres attraits, tant historiques que gastronomiques. Pour les découvrir, quoi de mieux qu’une croisière fluviale en Gironde ?

Histoire, vins et patrimoine

Comme beaucoup d’autres villes d’Europe, Bordeaux nous offre un rendez-vous avec l’histoire. Ici, le négoce du vin a permis très tôt à la région de se forger une réputation d’excellence à travers le monde.

Même si son histoire vinicole remonte à plus de 2000 ans, lorsque les tribus gauloises plantèrent les premiers ceps de vigne, il faudra attendre le XIIe siècle et le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le futur roi d’Angleterre Henri Plantagenêt pour que l’âge d’or des vins de Bordeaux débute. C’est grâce à cette union et l’accord commercial exclusif que signera Plantagenêt avec la Grande-Bretagne que la région d’Aquitaine commencera à se faire connaître pour ses vins.

À l’époque, les cuvées bordelaises n’étaient que des vins légers, nommés « clarets », et ils voyageaient dans des tonneaux par bateau vers l’océan Atlantique, depuis l’estuaire de la Gironde.

C’est justement sur cet estuaire, témoin de l’essor du commerce des vins bordelais, que se déroulera notre découverte de la région à bord du magnifique bateau MS Cyrano de Bergerac.

Remonter le temps

Au port de Bordeaux, nous rejoignons ce qui sera à la fois notre hébergement cinq étoiles et notre moyen de transport pour visiter les divers attraits touristiques et oenologiques de cette région, dont une partie est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les 35 membres de l’équipage nous accueillent à bord en nous donnant un avant-goût de l’hospitalité à la française, proposé par CroisiEurope. Des spécialités culinaires et des vins locaux seront servis tout au long de notre séjour afin de mieux goûter à l’aventure bordelaise. Le bateau de 110 mètres de long limite son nombre de passagers à 174, qui sont notamment logés dans 41 cabines avec fenêtres panoramiques, ce qui permet une expérience plus intime que celle proposée par les géants maritimes desservant aussi cette destination.

Après une bonne nuit de sommeil, rendez-vous au bar-salon à l’avant du bateau pour écouter le guide résumer l’histoire du vignoble bordelais. Après l’essor des vins de Bordeaux sous le règne d’Aliénor d’Aquitaine, la guerre de Cent Ans mit brutalement fin aux échanges entre la France et l’Angleterre. Il faudra attendre le XVIIe siècle, avec l’arrivée de marchands hollandais, irlandais et anglais pour que l’activité du vignoble reprenne. Installés dans le quartier des Chartrons — que nous visiterons en fin de croisière —, ces immigrants, au talent commercial certain, donneront un souffle nouveau aux vins de l’époque.

Le XVIIIe siècle sera ensuite celui de l’exportation des cuvées vers les colonies antillaises. Bordeaux connaîtra alors une extraordinaire popularité jusqu’à la Révolution française. En Angleterre, la haute société s’arrachera les bordeaux les plus corsés et raffinés. Les premières cuvées scellées et embouteillées verront le jour. Alors que tout allait bien pour le vignoble, un fléau s’abattit sur lui entre 1860 et 1880 : le phylloxéra. Des vignobles entiers furent ravagés en Europe par ce parasite tueur. Heureusement, la greffe de la vigne apparut comme la solution à adopter pour s’en prémunir. Le XXe siècle sera, lui, marqué par les appellations contrôlées des vins de Bordeaux. Une façon de réglementer les vins, mais aussi de les faire reconnaître pour leurs qualités et leur terroir. Terroir d’exception que nous explorerons durant ces cinq jours de croisière.

Notre première escale nous fera découvrir le Médoc et sa célèbre Route des châteaux (ou des grands crus). Un arrêt-dégustation est prévu pour goûter à la qualité des vins, plutôt étoffés, de l’appellation. La deuxième journée d’excursion sera, elle, davantage consacrée à la découverte historique. Nous remonterons l’estuaire, pour visiter la citadelle de Blaye, une merveille d’ingénierie, ancien complexe militaire terminé au XVIIe siècle sous la direction de Vauban, mais ayant des fondations datant du Moyen Âge (on raconte qu’Aliénor d’Aquitaine y aurait été emprisonnée durant 15 ans). Sur la route de la corniche empruntée pour y accéder, le point de vue sur l’estuaire est imprenable. Une petite visite en fin d’avant-midi au village de Bourg permettra de goûter à la figue de Bourg, uneconfiserie locale recouverte de pâte d’amandes trempée dans le chocolat. La légende veut que le roi Louis XIV encore enfant voulût cueillir une figue dans un arbre et qu’un moine l’ait soulevé pour qu’il l’atteigne. En l’honneur de cette histoire, les confiseurs ont créé ce petit délice au XXe siècle !

Photo: Brochard | CRT Nouvelle-Aquitaine Le vignoble de Saint-Émilion a été classé au patrimoine mondial de l’humanité par l'UNESCO.

L’avant-dernière journée d’excursion sera une des plus mémorables. Après une escale à Libourne, direction Saint-Émilion pour y visiter un vignoble d’exception et découvrir une des plus belles petites cités médiévales de France. Saint-Émilion est à la fois un village et une appellation mythique. Non seulement des vins légendaires en sont issus, comme le Cheval Blanc ou le Château Angélus, mais c’est aussi une très ancienne région viticole. Si la date du début des premières vignes cultivées dans le Bordelais reste incertaine, nous savons que dès l’époque romaine de riches villas viticoles s’élevaient sur les terres de Saint-Émilion.

Le retour au bateau permettra de finir en beauté le voyage. Le dernier souper à bord sera composé des meilleurs produits de Nouvelle-Aquitaine : huîtres du bassin d’Arcachon, ballotine de foie gras, magret de canard aux griottes et cannelé bordelais pour dessert, le tout servi avec d’excellents bordeaux, en blanc et en rouge.

Avant de terminer notre aventure, une ultime excursion est prévue à Bordeaux même. Ce sera la visite guidée de son quartier historique des Chartrons, ancien marécage habité par les moines chartreux, puis par les négociants européens au XVIIIe siècle, avant de devenir le quartier animé qu’il est aujourd’hui.

Bordeaux, la moderne

Après qu’on s’est imprégnés de la riche histoire du vignoble bordelais, une visite à la Cité du vin de Bordeaux s’impose. Bien plus qu’un musée, le bâtiment moderne de forme cylindrique abrite une série d’expositions interactives, immersives et multidimensionnelles qui nous informent sur le monde du vin, d’hier à aujourd’hui, partout où est cultivée la vigne. En plus de l’exposition permanente, le parcours Via Sensoria donne un tout autre sens à la dégustation de vin.

Photo: Cecile Marlier | CRT Nouvelle-Aquitaine L'architecture de la Cité du vin de Bordeaux représente le mouvement du vin dans le verre quand on le fait tournoyer.

Les changements climatiques sont au coeur de cette exposition. Certains vignobles, ancrés dans la tradition, ont dû changer leurs façons de faire. L’exemple de l’entreprise Baron Philippe de Rothschild est probant. Pionnier de la viticulture moderne à Bordeaux, l’entreprise n’a cessé d’innover à travers les siècles. Aujourd’hui, avec leur marque Mouton cadet, l’entreprise, dirigée par Philippe Sereys de Rothschild, lance une gamme de vins certifiée biologique, de concert avec ses partenaires récoltants. D’autres vignobles ont aussi cette préoccupation environnementale qui caractérise notre époque. Une visite au festival annuel Bordeaux fête le vin vous en convaincra.

Bon à savoir

Des vols directs de Montréal sont offerts par Air Transat cinq fois par semaine jusqu’en octobre. La classe Club est une bonne façon de voyager confortablement pour arriver reposé après un vol transatlantique de nuit.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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