Une « forêt connectée » pour le climat

Pascaline David
Collaboration spéciale
Un capteur de flux de sève protégé par isolationthermique permet de mesurer la transpiration végétale, causée par l’évaporation d’eau par les feuilles.
Photo: Fabio Gennaretti Un capteur de flux de sève protégé par isolationthermique permet de mesurer la transpiration végétale, causée par l’évaporation d’eau par les feuilles.

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche: enjeux climatiques

Nos forêts jouent un rôle essentiel, en tant que puits de carbone, dans la réduction des gaz à effet de serre (GES). Mais comment les arbres réagissent-ils aux événements météorologiques extrêmes et, à plus grande échelle, aux changements climatiques ? Pour répondre à cette interrogation, un projet de forêt connectée à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) permettra d’analyser des données précieuses, en temps réel.

L’étude dirigée par Fabio Gennaretti, professeur à l’Institut de recherche sur les forêts de l’UQAT, évaluera la répartition et les impacts des événements météorologiques de courte durée que sont les sécheresses et les gelées, sur la croissance des arbres. Dans la Forêt d’enseignement et de recherche du lac Duparquet (FERLD), située au milieu de la forêt boréale du Bouclier canadien, des capteurs enregistreront de nombreuses informations en continu et les transféreront en temps réel vers une centrale d’acquisition, connectée au réseau cellulaire.

À terme, les informations récoltées devraient être utiles pour réfléchir à une meilleure gestion des forêts, dans le cadre des changements climatiques. Peut-on s’attendre à des changements importants de séquestration du carbone ? Qu’en est-il de la biodiversité ? De la disponibilité en bois ? L’équipe de Fabio Gennaretti se donne trois ans pour dégager des éléments de réponse sur la résistance et la résilience des écosystèmes forestiers face au plus grand défi de notre siècle. Le professeur est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en dendroécologie et en dendroclimatologie, dont la mission est de bonifier les connaissances sur la variabilité climatique et le fonctionnement des arbres dans la région boréale.

Des informations précieuses

Parmi les données analysées dans cette forêt connectée, une attention particulière sera portée au flux de sève. « Dans les arbres, il y a un cycle journalier très marqué, le mouvement de la sève est plus rapide durant la journée et presque absent durant la nuit », explique Fabio Gennaretti. Cela indique la vitesse de transpiration, c’est-à-dire la quantité d’eau qui passe par centimètre carré de bois à chaque seconde, un phénomène nécessaire à la régulation de température et à la photosynthèse. »

Le flux de carbone sera, lui aussi, analysé. « Cette mesure écosystémique n’est pas associée à un arbre spécifique, mais représente un bilan de notre forêt, soit l’équilibre entre tous les atomes de carbone captés versus ceux qui sont relâchés, ajoute le professeur. Elle nous indique la productivité nette de notre écosystème et l’habilité de la forêt à séquestrer du carbone en fonction des variabilités environnementales. »

Des images thermiques permettront par ailleurs à l’équipe de glaner des indices sur la vulnérabilité des arbres durant des périodes de sécheresse. Un système spécifique sera mis en place sur certains arbres sélectionnés, privés d’eau de pluie par un toit, pour les mettre en situation de stress hydrique simulé. Les résultats indiqueront quelles espèces, conifères ou feuillus, sont plus ou moins sensibles.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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