«Polarités», Isabelle Lafortune

Campé dans l’univers des romans Terminal Grand Nord et Chaîne de glace, Polarités, d’Isabelle Lafortune, se déroule en 1994, dans un hôtel de Schefferville, sur la Côte-Nord, d’où émanent des effluves d’alcool et des éclats de voix de touristes américains. Truffée de dialogues rythmés, cette « nouvelle de la faille » gravite autour de Providence et de Marie, deux femmes aux caractères opposés qui sont liées malgré elles. La première, dotée d’une vive intelligence et amoureuse de la littérature, est « sèche dans son corps, dans son sexe et dans sa tête ». Lorsque son mari, Antoine, le propriétaire de l’hôtel, lui annonce qu’elle déménagera à Québec dans une nouvelle maison, elle comprend bien être chassée de cette ville « dans laquelle elle a perdu ses repères ». La seconde, qui est jeune, belle et qui a la « langue déliée », tient les rênes du bar de l’endroit. Malgré sa vigueur, Marie a toutefois l’impression de ne pas avoir le droit d’être « juste dans le bonheur ». Avec sa plume habile, l’autrice tisse un récit captivant des heures avant le départ de Providence.

 

Polarités

★★★★

Isabelle Lafortune, Éditions XYZ « Draisine », Montréal, 2023, 87 pages

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