«Attendez de m’enterrer pour chanter», Mimi Haddam

Premier titre publié dans la nouvelle collection « Adelphe » au Noroît, Attendez de m’enterrer pour chanter est d’une rare exigence. L’autrice tourne sans fin autour de la figure du père qui vient de mourir en Algérie, père qui lui a refusé l’existence et qui ne cesse de lui écrire son amour. Récit poétique répétitif, partagé d’abord entre des lettres anciennes venues du père et des proses lyriques. Ces dernières étalent à la fois douleur, désarroi, amour inconditionnel, haine et rancune. « Maintenant tu meurs. Je retrouve ma voix vivante », écrit-elle à l’adresse du père violent, abandonneur, exploiteur. Bref, ce récit explore des sentiments contradictoires sans pouvoir vraiment départager la part de liberté qui échoit à qui les subit. Puis, la troisième partie est réservée à une visite de la poète en Algérie, où elle rencontre ses demi-soeurs dans la maison du père. Catastrophique, cette rencontre la laisse exsangue et la ramène, peut-être, enfin libérée au Québec. Ce livre est réservé à qui aime les proses qui sont à la fois des poèmes exaltés et une surenchère de souffrance intérieure.

Attendez de m’enterrer pour chanter

★★★ 1/2

Mimi Haddam, Noroît « Adelphe », Montréal, 2023, 160 pages. Sortie le 5 septembre.

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