Les bibliothèques de 13 ex-présidents appellent à renforcer la démocratie des États-Unis

Dans une déclaration commune, le groupe se porte à la défense de l’État de droit et réclame plus de civilité dans le discours politique. Sur la photo, on aperçoit le Capitole, considéré comme le Dôme de la démocratie américaine.
Mariam Zuhaib Associated Press Dans une déclaration commune, le groupe se porte à la défense de l’État de droit et réclame plus de civilité dans le discours politique. Sur la photo, on aperçoit le Capitole, considéré comme le Dôme de la démocratie américaine.

Geste sans précédent : 13 organismes représentants d’anciens présidents des États-Unis, allant de Hoover à Obama, en passant par Roosevelt, Clinton, Carter et les Bush, ont décidé de faire front commun jeudi pour appeler les Américains à se porter à la défense d’une démocratie de plus en plus malmenée dans leur pays et à remettre « civilité et respect » au coeur du discours politique.

Dans un climat politique dont la polarisation est soutenue par la nouvelle ascension du populiste Donald Trump en vue de la prochaine présidentielle et par l’incapacité du parti républicain à condamner publiquement les attaques de l’ex-président contre les institutions démocratiques, la déclaration invite les électeurs à s’unir également pour préserver l’État de droit tout comme le respect de la diversité d’opinion.

« En tant que nation diversifiée composée de personnes aux origines et croyances différentes, la démocratie nous unit, peut-on lire. Nous sommes un pays ancré dans l’État de droit, où la protection des droits de tous est primordiale. »

Or, poursuit le groupe formé de ce qu’on appelle aux États-Unis, les bibliothèques présidentielles, « les Américains ont tout intérêt à soutenir les mouvements démocratiques et le respect des droits de l’homme, car les sociétés libres ailleurs dans le monde contribuent à notre propre sécurité et à notre prospérité ici chez nous, poursuit le document. Mais cet intérêt est ébranlé lorsque d’autres voient notre propre maison en désordre. »

Initiée par la George W. Bush Presidential Center, la déclaration est lancée sur la place publique alors que le candidat en tête dans l’investiture républicaine, Donald Trump, se prépare à faire face à quatre procès, dont deux pour répondre à des accusations de tentative de renversement du résultat des élections de 2020 et incitation à l’insurrection menée par ses troupes contre le Dôme de la démocratie américaine, le 6 janvier 2021.

Elle rompt aussi avec une vieille tradition : les organisations représentant les ex-présidents se tenant d’ordinaire loin des commentaires sur l’actualité politique ou sur l’état de la nation.

« Je pense qu’il existe actuellement une grande inquiétude quant à l’état de notre démocratie », a déclaré Mark Updegrove, président-directeur général de la Fondation Lyndon Baines Johnson (LBJ), qui gère la bibliothèque présidentielle de cet ex-président démocrate à Austin, au Texas, cité par l’Associated Press. « Il n’est pas nécessaire d’aller bien plus loin que le 6 janvier pour se rendre compte que nous sommes dans une situation délicate. »

Tout comme cette Fondation, la Fondation présidentielle Hoover, l’Institut Roosevelt, l’Institut et Bibliothèque Truman, la Fondation et Bibliothèque John F. Kennedy, la Fondation Richard Nixon, la Fondation présidentielle Gerald R. Ford, le Centre Carter, la Fondation et institut présidentiels Ronald Reagan, la Fondation George&Barbara Bush, la Fondation Clinton, le Centre présidentiel George W. Bush et la Fondation Obama ont également posé leur griffe au bas du texte qui rappelle que les « élus doivent montrer l’exemple ».

« Le reste d’entre nous doit s’engager dans un dialogue civil, respecter les institutions et les droits démocratiques et maintenir des élections sûres, sécurisées et accessibles », ajoutent les signataires.

« Déclin de la confiance »

Cette semaine, un juge de la Floride a qualifié d’illégal le redécoupage électoral de l’État — un redécoupage piloté par le gouverneur et candidat républicain à la présidentielle de 2024, Ron DeSantis — estimant qu’il viole la constitution.

La manoeuvre politique vise à réduire l’influence et la représentation de l’électorat afro-américain, particulièrement dans le nord de l’État, en vue du prochain scrutin. Les autorités électorales de l’État ont interdiction d’utiliser ces cartes que les élus doivent remettre sur les tables à dessin pour les rendre conformes aux lois encadrant le vote dans cet État, a exigé le juge.

Jeudi, l’ancien conseiller économique et proche allié de Donald Trump, Peter Navarro, a été reconnu coupable d’affront au Congrès pour avoir refusé de témoigner devant la commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole.

Une condamnation dénoncée par l’ex-président qui, en ligne, répète sans preuve avoir été victime de fraude électorale en 2020. Il attaque avec une rhétorique violente et haineuse, les juges et procureurs pilotant les inculpations auxquelles il fait face.

La semaine dernière, il a plaidé non coupable aux accusations portées contre lui par la justice de la Géorgie où il aurait tenté de s’approprier la victoire démocrate de 2020 en réclamant aux autorités électorales de faire apparaître de faux électeurs en sa faveur. La date de son procès, dans cette affaire, n’a pas été encore fixée.

« L’Amérique est placée face au déclin de la confiance, de la cohésion sociale et des interactions personnelles », a résumé Melissa Giller, directrice du marketing de la bibliothèque présidentielle de Ronald Reagan, au micro de l’Associated Press. « Nous devons contribuer à mettre fin aux graves discordes et divisions au sein de notre société. »

Pour sa part, une représentante de la Fondation Obama a reconnu que l’absence d’une transition de pouvoir « ordonnée et en douceur » lors des dernières élections présidentielles contribue toujours à entretenir un climat démocratique fragile. « Les roues de notre bus démocratique semblent un peu bancales en ce moment », a ajouté Valerie Jarrett, conseillère principale de l’ancien président Barack Obama, pour justifier son adhésion à la déclaration bipartisane que les organismes des ex-présidents viennent de lancer.



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