La quatrième poursuite contre Trump pourrait enfin offrir un rempart pour 2024

Donald Trump avait poussé l’arrogance jusqu’à réclamer haut et fort cette quatrième mise en accusation, tombée lundi en Géorgie. La clé pour lui rouvrir toutes grandes les portes de la Maison-Blanche, prétendait-il.

Le narcissique politicien ne voit dans cette nouvelle poursuite — bien qu’elle soit la plus sérieuse à ce jour — que des électeurs ragaillardis et des signes de dollar. L’ancien président américain n’a pas tout à fait tort, au grand dam de la démocratie ébranlée qu’il aspire à rediriger.

Malgré les salves d’accusations portées contre lui — le chiffre atteint maintenant 91, au total —, il caracole encore en tête des intentions de vote aux primaires républicaines, et de loin. Quant à l’élection présidentielle de l’an prochain, M. Trump et Joe Biden y seraient au coude à coude. Les années de discours incendiaires et de mensonges pernicieux ont eu raison de l’indignation populaire.

Pire, au lendemain de chacune de ces poursuites, les adeptes et fanatiques de Donald Trump ont répliqué à coups de millions de dollars pour soutenir sa croisade jusque devant les tribunaux.

Certes, certains républicains commencent enfin à s’inquiéter, poliment, que l’ex-président ne finisse par les embarrasser suffisamment pour leur coûter ce retour espéré à la Maison-Blanche. Mais le silence des autres candidats aux primaires est beaucoup plus retentissant. « Nous ne devrions pas passer notre temps à parler du fait qu’un président de 77 ans pourrait aller en prison », a même prétexté Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice des États-Unis aux Nations unies.

Une quatrième poursuite est tombée, depuis. Et non la moindre. Le seuil de condamnation sera plus facile cette fois-ci, en vertu de la loi invoquée en Géorgie. Puisqu’elle relève d’un État, et non d’une cour fédérale, Donald Trump ne pourra pas s’octroyer de pardon. Et les audiences seront fort probablement télévisées.

Surtout, l’acte d’accusation de « complot criminel » visant à faire invalider le résultat de l’élection présidentielle de 2020 confirme en détail, sur près de 100 pages, les machinations de tout un réseau d’acolytes enrôlés par l’ancien président afin de lui permettre de mener à bien sa logique mensongère.

Cette « entreprise criminelle », telle que décrite par Fani Willis, procureure de Fulton County en Géorgie, s’était enracinée au sein de la Maison-Blanche — le chef de cabinet de M. Trump, Mark Meadows, fait partie des accusés —, mais aussi jusque dans les officines du Département de la Justice américain — par le biais du fonctionnaire Jeffrey Clark, lui aussi visé. L’ampleur du stratagème était connue, mais cette fois-ci, les complices de Donald Trump sont eux aussi accusés.

Leur sort, tout comme celui de l’ancien président, ne sera vraisemblablement pas scellé avant l’élection présidentielle. Le risque de condamnations criminelles, d’amendes sévères ou de peines d’emprisonnement d’un minimum de cinq ans devrait néanmoins servir d’avertissement aux irréductibles associés de Donald Trump : sombrez dans sa réalité parallèle à vos risques et périls. Quelques ex-partenaires (comme l’avocat Michael Cohen) ont d’ailleurs déjà abandonné M. Trump pour sauver leur propre peau.

Il y a maintenant lieu de se permettre d’espérer que la prochaine fois, si prochaine fois il y a en 2024, les comparses de M. Trump hésiteront avant de se lancer dans une nouvelle cabale. Le commun des républicains ne tiendra visiblement pas tête à l’ancien président. Il revient aux apparatchiks et haut placés du parti d’enfin sauver leur démocratie.

Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.

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