Décès du peintre et sculpteur colombien Fernando Botero

Fernando Botero, devant une de ses sculptures, sur les Champs-Élysées, à Paris, le 16 octobre 1992
Bertrand Guay Agence France-Presse Fernando Botero, devant une de ses sculptures, sur les Champs-Élysées, à Paris, le 16 octobre 1992

Le peintre et sculpteur colombien Fernando Botero, célèbre pour ses personnages aux formes voluptueuses et considéré comme l’un des plus grands artistes du XXe siècle, est décédé.

« Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, est mort », a annoncé vendredi sur le réseau X (anciennement Twitter) le président colombien Gustavo Petro

Selon sa fille Lina, Fernando Botero, né en 1932 à Medellin, dans le centre de la Colombie, est décédé à Monaco, où il résidait, à 9 h 00 heure locale. Son état de santé s’était dégradé ces derniers jours, et il est mort des suites « d’une pneumonie ».

« Il est le plus colombien des Colombiens parce qu’il portait la Colombie dans son coeur en permanence. Non seulement parce qu’il se tenait au courant de l’actualité colombienne, sensible aux besoins et aux domaines dans lesquels il pouvait apporter son aide, mais aussi parce que la Colombie et ses souvenirs ont nourri son oeuvre artistique », a-t-elle déclaré.

« Il a continué à peindre jusqu’à la fin et encore samedi », a-t-elle ajouté, précisant que son père « souffrait de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années », qui ne lui apportait pas « de tremblements » mais « il lui était difficile de marcher, de communiquer et d’avaler ».

Dès vendredi matin à Bogotá, des passants se sont rassemblés devant l’une des oeuvres du maître, l’imposant Homme à cheval, à l’entrée d’un parc proche du centre historique de la capitale, a constaté un photographe de l’AFP.

Les visiteurs se pressaient également avec un intérêt redoublé devant les oeuvres exposées au Musée Botero, à deux pas de la place de la Candelaria, dans une bâtisse coloniale espagnole abritant une centaine de ses oeuvres.

Medellin en deuil

 

La presse colombienne saluait vendredi matin à l’unisson « le plus grand artiste colombien de tous les temps », et sa ville natale de Medellin a décrété sept jours de deuil pour « rendre hommage au maître […] après une vie pleine d’oeuvres et un héritage qui restera à jamais dans le coeur de tous les habitants » de la ville, a indiqué son maire Daniel Quintero.

« Nous regrettons profondément la mort du maestro Botero, un grand homme d’art, de culture, mais aussi un grand homme en raison de son amour pour Medellin, de son amour pour la Colombie, de son amour pour l’Amérique latine. Son oeuvre, sa vie, son héritage resteront dans cette ville qu’il aimait tant et dans laquelle il a laissé tant d’oeuvres », a ajouté l’édile.

Divers hommages, avec fleurs et musique, auront lieu ce jour même sur la place Botero, où sont exposées 23 sculptures offertes par l’artiste à la ville en 2002, et qui sont admirées par des milliers de touristes chaque année.

Selon le service culturel de la municipalité, « il y aura également un mur où le public aura la possibilité d’écrire différents messages à l’artiste ».

« Medellin s’habillera également en différents endroits du visage de Fernando Botero », tandis que la ville proposera « des conférences, des lectures et des actions visant à commémorer et à exalter la vie et l’oeuvre » du sculpteur.

Toujours selon la municipalité, la dépouille « du Maestro sera inhumée à Pietrasanta, en Italie, à côté de celle de son épouse Sophia Vari, sculptrice grecque décédée le 5 mai dernier » après 48 ans de vie commune. Un départ qui lui avait provoqué « une tristesse infinie » selon sa fille.

Hommes politiques, de culture, médias… Partout en Colombie, c’était une pluie d’hommages pour l’artiste auteur de plus de 3000 tableaux et 300 sculptures.

Pas « gros »

« Nous regrettons profondément le départ de Fernando Botero, l’un des plus grands artistes de Colombie et du monde. Il a toujours été généreux envers son pays, un grand ami et un bâtisseur de paix passionné », a déclaré sur le réseau X l’ex-président et prix Nobel de la paix Juan Manuel Santos.

Issu d’un milieu modeste, il s’initie à l’art très tôt et après une première exposition individuelle à Bogotá dans les années 1950, il part pour l’Europe, séjournant en Espagne, France et Italie où il découvre l’art classique.

Sa carrière décolle dans les années 1970 à New York, où il commence à être contacté par les plus grands marchands d’art.

Les dimensions hors du commun deviendront sa marque de fabrique.

 

Pour l’artiste, le qualificatif de « gros » ne convenait pas à ses personnages. Amoureux de la Renaissance italienne, il se disait « défenseur du volume » en art moderne. Sa sculpture, également marquée par le gigantisme, a occupé une place très importante dans sa carrière.

Fernando Botero a aussi été un grand mécène, avec des donations estimées à plus de 200 millions de dollars. Il a donné aux musées de Medellin et de Bogotá nombre de ses oeuvres, et des dizaines de tableaux de sa collection privée, dont des Picasso, Monet, Renoir, Miro…

Ses oeuvres sont aussi visibles en plein air dans de nombreuses villes du monde, l’artiste estimant que les expositions dans les espaces publics sont un « rapprochement révolutionnaire » de l’art avec le public.

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