Faire découvrir aux jeunes les bienfaits de la danse

Simon Ampleman sillonne depuis plusieurs années déjà les routes du Québec pour offrir des interventions en milieu scolaire.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Simon Ampleman sillonne depuis plusieurs années déjà les routes du Québec pour offrir des interventions en milieu scolaire.

C’est dans un désir de mettre le plus d’enfants et d’adolescents possible en contact avec la danse contemporaine que Simon Ampleman, danseur, chorégraphe et directeur artistique de la compagnie Ample Man Danse, sillonne depuis plusieurs années déjà les routes du Québec pour offrir des interventions en milieu scolaire. À compter du 11 mai prochain, dans une série d’ateliers et de spectacles, les jeunes de 3 à 17 ans pourront découvrir les possibles associés à la danse.

Mettre les jeunes en contact avec la discipline, qu’ils puissent se l’appro­prier, participe du projet d’ateliers et de spectacles mené par Ampleman en collaboration avec l’organisme Danse sur les routes du Québec (DSR) et Réseau Centre. « On est vraiment dans un angle de découvertes. On ne vient pas donner des classes techniques. On est là pour leur faire découvrir le médium de la danse, du mouvement. L’objectif c’est vraiment de […] faire goûter [aux jeunes] l’expérience de la danse », explique le chorégraphe au bout du fil.

Effectivement, la tournée se veut avant tout une initiation à cet art du mouvement, mais aussi une façon de palper la discipline. Pour ce faire, Simon Ampleman et son équipe ont opté pour une façon de faire interactive présentée sous deux angles, soit les ateliers qui stimulent la participation, donnent l’occasion au public de rencontrer les artistes, et le spectacle interactif Piano Public, qui permet de mettre les enfants et les adolescents en contact avec la création. « Les jeunes ne font pas juste s’asseoir et regarder le spectacle, on les a préparés [pendant l’atelier] à faire partie, à leur manière, du spectacle », ajoute Ampleman. Ils devront, par exemple, traduire en mouvement un mot lancé par le chorégraphe ou alors décider de la manière (Chopin, film d’action, d’horreur…) dont sera jouée une mélodie proposée par le pianiste. « Les jeunes deviennent ainsi chorégraphes de la première séquence du spectacle. […] C’est de l’improvisation et c’est ce qui permet de créer cette interactivité-là. Je trouve que le spectacle est important parce que c’est aussi un outil fort. Marquant pour le jeune. Il a vécu un moment d’improvisation en atelier et il se rend compte de ce que cela peut donner lorsqu’on le pousse plus loin. Et là, il y a une magie qui opère », raconte avec enthousiasme Simon Ampleman.

À chacun son élan

Si les petits de 3 ans, tout comme les adolescents de 16 et 17 ans et les enfants du primaire, sont conviés à vivre cette expérience interactive, leur façon de jongler avec le mouvement est bien différente. « […] Le petit ou la petite de trois ans tombe dans la magie, l’exploration, la découverte, dans le jeu. Le jeune du primaire, actif, plein de questions, est en train de faire le pont entre ce côté magique et le côté de la réalité d’aujourd’hui […] et après on entre dans l’adolescence, où il y a toute la relation au corps. On peut souvent se cacher — c’est peut-être pas le bon terme — derrière un instrument de musique, un texte, un costume, mais c’est plus difficile de se cacher derrière son corps. Alors, d’utiliser la danse comme moyen de s’apprivoiser et de découvrir toutes les possibilités créatives qui se cachent en nous permet éventuellement de l’apprécier et de l’aimer », raconte le chorégraphe.

Afin de toucher chacun dans son développement, de respecter chaque étape, les ateliers sont ainsi construits à partir de thèmes très variés parfois proposés par les enfants. Aucune chorégraphie n’est préparée d’avance et Ampleman n’impose d’ailleurs jamais sa façon de danser à son public. « Pour les tout-petits, souvent, on va parler du thème de la nature, des couleurs, des animaux. Dans les CPE, en ce moment, ils sont en train de préparer des cocons, des chrysalides pour faire apparaître les papillons […] Nous, on va reprendre cette histoire-là, on va devenir la chenille, le cocon, on va ouvrir nos ailes et on va découvrir l’univers […] »

Les jeunes ne font pas juste s’asseoir et regarder le spectacle, on les a préparés [pendant l’atelier] à faire partie, à leur manière, du spectacle

 

Pour les enfants du primaire, le sport, l’intimidation, l’écoute de l’autre sont des sujets qui servent de départ aux mouvements chorégraphiques. Alors qu’au secondaire, Ampleman souligne que les adolescents proposent des thèmes liés, par exemple, au quotidien, à l’anxiété, à l’environnement, à l’identité, etc. « Mais l’important pour moi, c’est de partir d’eux. À partir du moment où on a un thème, on a des stratégies d’intervention qui nous permettent en groupe, en sous-groupe, de le développer. »

Et si les tout-petits ont cette facilité naturelle à se mouvoir, à se tortiller, à tourner, il en est autrement parfois des adolescents et des préadolescents, plus coincés dans leur corps. Ainsi, au-delà de cette volonté de faire découvrir la danse aux jeunes, il y a chez Simon Ampleman un espoir de leur permettre, à travers les ateliers, de réaliser leur potentiel. « Des fois, au secondaire ou au primaire, ils [les jeunes] disent : « Je sais pas danser, je suis raide comme une barre, j’ai pas de coordination, je suis pas bon avec le rythme. » On essaie de tout défaire ça. Ça n’arrive pas avec les tout-petits, mais plus on monte en âge, plus on a ce blocage-là. Pas tout le monde, mais ça arrive et je voudrais qu’ils se rendent compte de toutes les possibilités qu’ils portent en eux et qui peuvent être transmises par le mouvement », conclut avec conviction et sensibilité Simon Ampleman.

Aller à la rencontre de la créativité par le mouvement — ateliers et spectacles interactifs

Ample Man Danse, Réseau Centre et La danse sur les routes du Québec (DRS). 70 ateliers et douze spectacles. Du 11 mai au 23 juin.

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