La CSN dénonce un manque de vision du gouvernement Legault

Catherine Couturier
Collaboration spéciale
Selon Caroline Senneville, la position avantageuse du Québec dans la lutte contre les changements climatiques, grâce à son hydroélectricité, est le résultat d’une vision politique historique dont le gouvernement de M. Legault ferait bien de s’inspirer.
Photo: Valérian Mazataud Archives Le Devoir Selon Caroline Senneville, la position avantageuse du Québec dans la lutte contre les changements climatiques, grâce à son hydroélectricité, est le résultat d’une vision politique historique dont le gouvernement de M. Legault ferait bien de s’inspirer.

Ce texte fait partie du cahier spécial Syndicalisme

Au lendemain de la pandémie, la leçon semblait claire : il fallait à l’avenir mieux planifier. Pourtant, le gouvernement Legault ne semble pas avoir une vision d’ensemble claire sur de nombreux dossiers, déplore la CSN.

À l’aube de la rentrée, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) dénonce le manque de planification du gouvernement du Québec. « Le gouvernement de M. Legault n’est pas un gouvernement idéologique, mais ça ne veut pas dire qu’il ne doit pas avoir de vision. Il ne peut pas gérer à la petite semaine », affirme Caroline Senneville, présidente de la CSN. Logement, éducation, santé, industrie, transport en commun, quelle vision le gouvernement a-t-il du Québec de demain ?

Des dossiers majeurs à la pièce

Durant l’été, deux imposants projets de loi ont été étudiés en commission parlementaire. Le projet de loi 15 (ou « réforme Dubé ») se veut une restructuration de l’ensemble du réseau de la santé et vise à revoir la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Le projet de loi 23, porté par le ministre Drainville, propose quant à lui de remanier le système d’éducation. « Ce sont des projets que je qualifierais de “mammouths” », dit Mme Senneville.

En plus de ces deux grands chantiers, on évoque la création d’une agence des transports. « On aimerait savoir dans quoi ça s’inscrit. Quels sont le plan de match, la vision, les objectifs pour le Québec ? » demande Mme Senneville. « C’est souvent le propre d’un gouvernement qui garde un oeil sur sa cote de popularité. On semble être en mode réaction plutôt qu’en mode planification », ajoute-t-elle.

Si les enjeux de la santé et de l’éducation ont été abordés en campagne électorale, la présidente de la CSN observe qu’une vision plus large n’a jamais été communiquée. « Il n’y a personne qui parle pour l’ensemble du Québec. » Et sur le terrain, on comprend mal comment ces projets de loi amélioreront concrètement les choses. « L’heure est grave, il va y avoir des ruptures de services », avertit Mme Senneville.

Les deux réformes se concentrent surtout sur la centralisation et la gouvernance. « Cela étant dit, c’est important d’avoir une saine gouvernance et des structures qui fonctionnent. Mais tout le monde sur le terrain dénonce la centralisation que propose M. Dubé », dit la syndicaliste.

S’attaquer à l'urgence climatique

Alors qu’on parle de la mise en place du développement d’une filière québécoise de la batterie, aucune stratégie industrielle globale n’a été annoncée du côté du gouvernement du Québec. Or, le Québec doit se doter d’une vision plus large pour faire face notamment aux changements climatiques, qui ont des conséquences de plus en plus visibles.

« Les producteurs agricoles ont eu une année catastrophique et les feux de forêt auront des répercussions importantes sur l’exploitation forestière. Ça prend un plan de match par rapport aux impacts des changements climatiques », avance Mme Senneville.

La CSN en appelle ainsi à la mise en place d’une politique industrielle qui proposerait une image globale et une direction. « La pandémie a pris les gens de court et mis en lumière la nécessité de planifier et d’être prêt. Les feux de forêt prouvent la même chose », affirme-t-elle.

Une réflexion commune

Pour mettre en place une telle réflexion, les acteurs du terrain désirent participer à la conversation. « Ce qu’on veut mettre de l’avant, c’est le dialogue. On a des liens avec les ministères et M. Legault, mais ce n’est pas aussi en continu qu’on le souhaiterait et ça ne s’inscrit pas dans une structure de dialogue », constate Mme Senneville.

Caroline Senneville rappelle d’ail­leurs que les syndicats avaient soulevé au cours des quatre dernières négociations le spectre de la pénurie de préposés aux bénéficiaires. « Et voilà où nous en sommes », laisse-t-elle tomber. Elle souligne que les syndicats ont un rôle à jouer dans ces discussions de fond. « On n’a pas toutes les réponses, mais on a des idées sur lesquelles travailler et on est prêts à trouver des solutions », ajoute-t-elle.

Bien entendu, les courts mandats des gouvernements, qui se renouvellent tous les quatre ans, rendent difficile l’élaboration d’une vision à long terme. Mais la position avantageuse du Québec dans la lutte contre les changements climatiques, grâce à son hydroélectricité, est le résultat de grands travaux qui se sont étalés sur plusieurs gouvernements, rappelle Mme Senneville. « On reçoit aujourd’hui les dividendes d’une vision politique », conclut-elle.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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