Quand la collaboration propulse le savoir

Charles-Édouard Carrier Collaboration spéciale
Trois vecteurs ont été ciblés par le CRIAQ afin de guider les travaux de l’industrie d’ici 2035 : l’aérospatiale durable, la mobilité aérienne du futur et les systèmes d’aviation numérique.
Photo: iStock Trois vecteurs ont été ciblés par le CRIAQ afin de guider les travaux de l’industrie d’ici 2035 : l’aérospatiale durable, la mobilité aérienne du futur et les systèmes d’aviation numérique.

Ce texte fait partie du cahier spécial Aéronautique

La recherche et le développement jouent un rôle essentiel pour aider l’industrie aérospatiale à atteindre ses objectifs de durabilité et à accélérer les transitions technologiques. Avec la publication de sa Feuille de route 2035, le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) et ses partenaires industriel et universitaire misent sur une approche collaborative pour repenser le ciel de demain.

Le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), fondé en 2002, agit comme catalyseur d’innovation en soutenant une approche de recherche et développement collaborative qui réunit les entreprises, les universités et les centres de recherche.

« Véritable appel à tous au sein de l’écosystème de recherche et d’innovation aérospatiale et au-delà, la Feuille de route 2035 du CRIAQ vise à contribuer à la réponse que nous avons collectivement à apporter à ces défis importants de l’humanité », peut-on lire en amorce du document intitulé Feuille de route 2035. Accélérer les transitions pour une mobilité aérienne résiliente et durable.

« Depuis 20 ans, le consortium réunit l’industrie et les leaders de la recherche. Nous avons accompagné l’industrie dans toutes les vagues technologiques », précise Alain Aubertin, président-directeur général du CRIAQ. Et la prochaine ère, celle caractérisée par le numérique et la carboneutralité, ne fera pas exception.

C’est au terme d’importants travaux de recherche, d’analyse et de consultations que trois vecteurs ont été ciblés par le CRIAQ afin de guider les travaux de l’industrie d’ici 2035 : l’aérospatiale durable, la mobilité aérienne du futur et les systèmes d’aviation numérique. Sur une ligne du temps et en trois axes, la Feuille de route 2035 détaille avec précision les besoins de l’écosystème aérospatial pour maintenir et renforcer le leadership du Québec en la matière.

Développement durable

Du point de vue de l’industrie, la réduction des émissions des aéronefs fait partie de son ADN : « On améliore constamment l’efficacité de nos moteurs. C’est comme une deuxième nature pour nous », explique Jean Thomassin, directeur principal des nouveaux produits et de l’introduction en service chez Pratt & Whitney. Le p.-d.g du CRIAQ abonde dans le même sens : « Carburants, propulseurs, poids des composantes, depuis des décennies, l’aérospatiale réduit son empreinte environnementale. »

Et si le gouvernement québécois vise la carboneutralité en 2050, le CRIAQ a préféré élaborer une feuille de route plus engageante. « Quand on veut structurer des actions, ça peut paraître loin. On s’est dit que 2050, c’est le grand but, mais pour mobiliser l’écosystème dès maintenant, on se met une cible intermédiaire en 2035. La course est lancée », s’enthousiasme Alain Aubertin.

Étudiants, experts, investisseurs

« On a besoin de tout le monde. Toutes les bonnes idées, plus que jamais. On est dans une fenêtre où il y a beaucoup de nouvelles technologies. Qui sont ceux qui sont capables, avec leur historique d’ingénierie et de savoir-faire, d’investir, de certifier et d’industrialiser cette science ? Ce sont les grands groupes. Les start-up ont de brillantes idées et travaillent de près avec les grands groupes sur les technologies de niche et auront une influence sur les nouveaux systèmes […] À cela s’ajoutent le leadership et la créativité dans les milieux universitaires, qui ont investi depuis des décennies dans le secteur », calcule M. Aubertin.

Christian Moreau, professeur à la Chaire de recherche du Canada en ingénierie de surface et projection thermique à l’Université Concordia, voit dans la Feuille de route 2035 des pistes intéressantes pour des projets à bâtir : « On regarde ce qui nous interpelle parmi les besoins énoncés par le CRIAQ. Ce document nous indique où veut aller l’industrie, et comment nous y préparer. Il détermine aussi quels sont les domaines qui sont les plus porteurs. Oui, on veut faire de la science et du développement, mais on veut également s’arrimer aux besoins de l’industrie pour que les travaux que l’on fait soient d’intérêt. La feuille de route nous est alors très utile. »

Une occasion pour la relève

Les changements climatiques conjugués à une panoplie de nouvelles technologies accessibles et à venir créent une fenêtre d’opportunité jamais vue. « Si, au Québec, on ne plonge pas, nos entreprises vont perdre de la compétitivité à l’échelle internationale. Le moment est unique en ingénierie, en science et en technologie. Il y a un sentiment d’urgence pour arriver à la carboneutralité », prévient Christian Moreau. Les astres alignés dessinent un avenir plus que prometteur pour une relève créative et avide de défis qui souhaite contribuer à cet effort collectif pour une mobilité aérienne résiliente et durable.

« Ce qui est particulier au Québec et au Canada, c’est notre capacité de passer de l’idée au produit final. Nous détenons toutes les ressources pour chacune des étapes qui mènent à sa réalisation, y compris la maintenance, détaille Jean Thomassin. Il faut tirer avantage de cet écosystème et de cette passion qui nous distingue et continuer à stimuler [la recherche et le développement] avec des investissements en partenariat avec les gouvernements. »

L’industrie aérospatiale au Québec est en très bonne santé financière, estime Alain Aubertin : « Si on regarde dans le monde, les pays leaders comme les États-Unis, la France et l’Allemagne ont des industries aérospatiales très soutenues par leur gouvernement. La concurrence est féroce […] On doit travailler tous ensemble pour soutenir cette industrie inspirante aux ambitions extraordinaires qui se transforment en bénéfices pour la société. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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