L’autonomie énergétique qui défie les orages

L'ensemble de génératrice solaire AC300 de Bluetti.
Photo: Bluetti L'ensemble de génératrice solaire AC300 de Bluetti.

L’idée a déjà conquis les adeptes de la vanlife. Avec les crises météorologiques plus fréquentes et plus sévères, elle est en train de faire pareil à la maison. L’autonomie énergétique, l’espace de quelques jours, rend moins pénible la déconnexion au réseau, qu’elle soit volontaire… ou pas.

Dans certains quartiers du Grand Montréal touchés plus fréquemment que d’autres par les pannes de courant prolongées, il fallait entendre ronronner les génératrices à essence, le 14 juillet dernier au matin. La veille, un orage d’une rare puissance venait d’abattre quelques arbres qui ont eu raison du réseau électrique local. Habitués, voire résolus, de plus en plus de ces banlieusards ont dans leur cabanon une génératrice dont le bruit, doit-on le préciser, n’est pas subtil.

Non sans ironie, des propriétaires de véhicules récréatifs (VR) sont déjà très familiers avec ces génératrices. Plusieurs VR en ont une. Loin d’une prise de courant — en plein no man’s land ou, sans blague, dans le stationnement d’un Walmart —, ils peuvent jouir d’une alimentation électrique continue en brûlant simplement de l’essence.

Brûler des carburants fossiles, cela dit, est une habitude à éviter. Et le bruit des génératrices, lui, est proscrit dans la plupart des campings, sauvages, urbains ou autres.

C’est là qu’entrent en scène les génératrices solaires, dont la popularité ne fait que grandir depuis trois ans en Amérique du Nord. Si bien que plusieurs nouvelles marques sont apparues ces derniers temps qui font de l’oeil aux amateurs de VR : Bluetti, Jackery, Ecoflow…

Évidemment, les gens tannés de jeter le contenu de leur frigo chaque fois que la foudre s’abat sur leur quartier sont aussi dans leur mire.

Du jus en masse

 

Ce concept d’autonomie énergétique est incarné ces jours-ci par une nouvelle génération de piles au lithium et de capteurs solaires. Par exemple, la marque Bluetti, fondée à Las Vegas en 2019, a connu ses premiers succès durant la pandémie sur la plateforme en ligne Kickstarter. Bluetti appartient à la société chinoise PowerOak.

Son concept : des génératrices juste assez portatives pour être trimbalées dans le coffre d’un véhicule jusqu’à un site de camping et qui sont assez puissantes pour alimenter l’équivalent d’une petite maison. Sans conteste, elles peuvent transformer un camping un peu trop rustique au goût de certains en sa version plus glamour, le glamping.

Le modèle intermédiaire des génératrices Bluetti a pour nom AC300. Elle génère une puissance continue de 3000 watts, avec une pointe à 6000 watts. Bluetti la vend conjointement avec une batterie de 3072 wattheures qui se recharge partout : dans la voiture, à partir d’une prise murale, à l’aide de panneaux solaires, etc.

La génératrice — qui agit essentiellement comme un convertisseur de courant AC/DC — comprend sept prises d’alimentation AC, quatre ports USB, deux surfaces de recharge sans contact Qi et deux prises 5V. Tous peuvent être utilisés en même temps pour alimenter un petit frigo, un ordinateur personnel, des ampoules et même un climatiseur, pourquoi pas.

Naturellement, l’alimentation durera tant que la batterie ne sera pas à plat. À 3072 wattheures, on en a pour une heure si on a besoin d’une puissance constante de… 3072 watts. Bluetti a toutefois conçu sa génératrice pour qu’elle soit modulaire : ceux qui en veulent plus peuvent brancher en série jusqu’à quatre batteries, pour un maximum de 12,2 kilowattheures. C’est suffisant pour garantir plus de 600 recharges du plus gros iPhone actuellement sur le marché.

Mais nous avons le soleil

 

Au Québec, où l’électricité est une énergie renouvelable vendue à un prix très peu dynamique, on n’a qu’à brancher sa génératrice dans une prise murale le temps qu’elle refasse le plein. Ailleurs dans le monde, on tente de le faire au moment dans la journée où l’énergie coûte le moins cher.

Ou alors, on se tourne vers le soleil. Bluetti vend un ensemble avec une génératrice, une pile et deux panneaux solaires de 350 watts chacun. Le tout dépanne aussi bien, sinon mieux, qu’une génératrice à essence durant une panne de courant prolongée. Et de façon tout à fait silencieuse.

Comme rien n’est parfait, ces panneaux ne captent pas 100 % de leur capacité maximale en tout temps. Durant nos tests, malgré quelques nuages, les deux capteurs produisaient en moyenne 500 watts d’électricité. Ça a permis d’assurer la journée de travail de deux personnes sur leur PC respectif, et même d’alimenter une machine à café — pour une autre forme de recharge énergétique. Au retour du courant, en fin d’après-midi, il restait encore 78 % d’énergie en réserve.

Aucune goutte d’essence n’a été consommée durant ce test. À plus long terme, Bluetti promet 3500 cycles de recharge complets avant que ses batteries commencent à réellement se fatiguer, soit neuf années et demie d’une utilisation quotidienne.

Ça aide à amortir le prix de ces gros gadgets. L’ensemble Bluetti coûte normalement 4500 $, mais comme plusieurs de ses concurrents, il est à peu près tout le temps en liquidation. Peut-être que ça aidera à convaincre les voisins de se défaire de leur vieille génératrice Honda…

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