TVA débranche «Le monde à l’envers»

Stéphan Bureau a décrit lundi cette décision de Groupe TVA comme « sans appel et inattendue », ajoutant que « l’émission s’apprêtait à revenir à l’antenne le 22 septembre et [que son] équipe s’activait déjà à préparer une deuxième saison ».
Marie-France Coallier Archives Le Devoir Stéphan Bureau a décrit lundi cette décision de Groupe TVA comme « sans appel et inattendue », ajoutant que « l’émission s’apprêtait à revenir à l’antenne le 22 septembre et [que son] équipe s’activait déjà à préparer une deuxième saison ».

C’est la fin pour l’émission de débats Le monde à l’envers, animée par Stéphan Bureau. Le Groupe TVA a décidé de tirer un trait sur ce rendez-vous du vendredi soir, qui devait initialement revenir en ondes le mois prochain pour une deuxième saison.

Stéphan Bureau en a fait l’annonce lundi sur son compte LinkedIn, décrivant la décision du diffuseur comme « sans appel et inattendue ». « L’émission s’apprêtait à revenir à l’antenne le 22 septembre et notre équipe s’activait déjà à préparer une deuxième saison. […] L’équipe découvre aujourd’hui qu’elle est condamnée à rester dans les blocs de départ », écrit-il.

Contacté par Le Devoir, le diffuseur explique avoir dû mettre fin à l’émission en raison de ses résultats financiers. Le Groupe TVA a connu des « pertes importantes » lors du deuxième trimestre, soit une baisse de revenus de 8,7 millions de dollars par rapport à la même période l’an dernier.

« Il n’y a jamais de façon facile de déprogrammer une émission. Les impératifs économiques qui confrontent notre industrie nous obligent à prendre des décisions difficiles, dont celle-ci. Je tiens à m’excuser auprès de nos collaborateurs et [collabora]trices qui doivent subir ces impératifs », a commenté sur X (anciennement Twitter) Pierre Karl Péladeau, p.-d.g. de Québecor, à qui appartient le Groupe TVA.

Le printemps n’avait pas été de tout repos pour l’équipe, qui a dû vivre dans l’incertitude quant à l’avenir de l’émission, TVA ayant exigé un changement de producteur. C’est finalement Attraction, l’entreprise à l’origine des émissions Les chefs ! et En direct de l’univers, qui devait produire la prochaine saison, reprenant le projet des mains de Sphère Média.

La compagnie Attraction n’a pas souhaité commenter l’annonce.

Stéphan Bureau a aussi refusé notre demande d’entrevue, précisant que l’essentiel des informations se trouvait dans son message LinkedIn. Dans celui-ci, l’animateur déplore la manière dont l’émission a pris fin abruptement. « Le précédent me trouble, mais j’espère qu’il pourra servir de mise en garde à d’autres. Jamais en 40 ans de vie professionnelle je n’ai vu pareille manière de faire. C’est surtout très inquiétant pour une industrie que l’on sait fragile », souligne-t-il.

D’une durée de 90 minutes, Le monde à l’envers était diffusée en direct chaque vendredi soir. L’animateur accueillait sur son plateau différents invités — connus et méconnus du grand public — ainsi que des collaborateurs réguliers pour échanger sur les sujets de l’heure.

Stéphan Bureau a d’ailleurs remporté en mars dernier le prix Personnalité médiatique de l’année décerné par l’équipe de Dans les médias, qui ‎ récompensait pour la première fois des artisans du milieu. En entrevue avec Le Devoir, l’animatrice de l’émission à Télé-Québec, Marie-Louise Arsenault, avait indiqué que le choix de Stéphan Bureau était « l’un des plus évidents », son émission ayant rapidement attiré l’attention et trouvé un public fidèle à heure de grande écoute.

Avec Le monde à l’envers, Stéphan Bureau faisait son grand retour sur le petit écran, lui qui avait brièvement animé à TVA l’émission L’échangeur en 2006.

Avant de se joindre de nouveau à TVA, il a été à la barre de l’émission radio Bien entendu de Radio-Canada pendant cinq ans, jusqu’en 2021. Il a quitté le diffuseur public dans la controverse après avoir reçu un blâme de l’ombudsman de Radio-Canada en raison de son entrevue avec l’infectiologue français Didier Raoult en mai 2021. L’ombudsman jugeait qu’elle ne respectait pas les normes et pratiques journalistiques du diffuseur. Stéphan Bureau avait refusé de s’excuser, estimant avoir fait une « entrevue normale ».

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