Le Canada accueillera le Congrès mondial du pétrole

Le Congrès mondial du pétrole, qui se tiendra à Calgary, sera l’occasion de remettre un prix reconnaissant « les réalisations remarquables » dans le secteur pétrolier et gazier à Amin Hassan Naser, le président et directeur général de la pétrolière saoudienne Aramco, le plus grand producteur de pétrole au monde.
Fayez Nureldine Agence France-Presse Le Congrès mondial du pétrole, qui se tiendra à Calgary, sera l’occasion de remettre un prix reconnaissant « les réalisations remarquables » dans le secteur pétrolier et gazier à Amin Hassan Naser, le président et directeur général de la pétrolière saoudienne Aramco, le plus grand producteur de pétrole au monde.

Au moment où l’Organisation des Nations unies (ONU) tiendra la semaine prochaine un sommet sur l’ambition climatique qui insistera sur l’urgence de sortir des énergies fossiles, le Canada accueillera le « Congrès mondial du pétrole ». Le gouvernement Trudeau a confirmé au Devoir que trois ministres participeront à cet événement dont le fédéral est « partenaire » et qui réunira toutes les grandes multinationales pétrolières de la planète.

L’événement organisé par le World Petroleum Council Canada se déroulera à Calgary du 17 au 21 septembre sur le thème « Energy Transition: The Path to Net Zero », qu’on peut traduire par « Transition énergétique : la voie vers la carboneutralité ». Ce 24e Congrès mondial du pétrole, qui réunira également des entreprises gazières, se présente ainsi comme « un pont important entre le secteur énergétique traditionnel et une industrie appelée à devenir davantage carboneutre au cours des 25 prochaines années », peut-on lire sur le site de l’événement.

Contrairement au sommet de l’ambition climatique programmé pour le 20 septembre à New York à l’invitation du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, il ne sera pas question de prendre des engagements en faveur de la sortie des énergies fossiles, comme le réclament les scientifiques spécialistes du climat depuis plusieurs années.

L’événement donnera plutôt la parole à des dirigeants et représentants des plus grands exploitants d’énergies fossiles de la planète, dont Aramco, Total­Energies, BP, ExxonMobil, Petronas, Suncor, CNPC, Chevron, Pemex, Cenovus, Equinor (projet Bay du Nord), Enbridge et Petrobas. L’Alliance nouvelles voies, qui représente l’industrie des sables bitumineux, devrait avoir 24 représentants sur place.

Une pétrolière à l’honneur

Des représentants politiques ou d’entreprises provenant de régimes autoritaires ou dictatoriaux prendront part à ce sommet : l’Iran, le Qatar, Oman, la Chine, le Kazakhstan, Bahreïn, l’Azerbaïdjan et l’Arabie saoudite, où se tiendra le prochain congrès, en 2026.

Ce congrès sera d’ailleurs l’occasion de remettre un prix reconnaissant « les réalisations remarquables » dans le secteur pétrolier et gazier à Amin Hassan Naser, qui est le président et directeur général de la pétrolière saoudienne Aramco, le plus grand producteur de pétrole au monde. La multinationale prévoit d’augmenter sa production gazière de 50 % d’ici 2030, mais aussi de faire passer sa production pétrolière à 13 millions de barils par jour d’ici 2027 (4,7 milliards de barils par année).

Aramco a été critiquée récemment par des experts de l’ONU en raison des répercussions climatiques de ses activités, qui seraient « contraires aux objectifs, aux obligations et aux engagements de l’Accord de Paris », visant à limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 °C.

Canada « partenaire »

Le gouvernement du Canada est inscrit comme « partenaire » de ce congrès consacré au rôle des énergies fossiles dans la « transition » énergétique. Il sera d’ailleurs bien représenté lors de l’événement, selon les informations qui se dégagent de la plus récente liste officielle des participants.

Affaires mondiales Canada aura la plus importante délégation, avec 14 représentants sur place. Les ministères Infrastructure Canada et Développement économique Canada pour les Prairies seront aussi présents, sans oublier la Banque de l’infrastructure du Canada, une société d’État fédérale, ainsi que huit ambassades canadiennes, dont celle en Chine, au Koweït et au Qatar.

Le Canada fera aussi partie des « exposants », avec la « Maison du Canada », qui offrira une vitrine aux entreprises présentes sur place. Des « sessions Canada » sont également au programme du congrès, notamment pour aborder le développement de la capture et du stockage de carbone, une technologie expérimentale chère à l’industrie.

Trois ministres

 

Un total de trois ministres du gouvernement Trudeau prendront part à ce Congrès mondial du pétrole, dont Jonathan Wilkinson, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. Le pétrole est-il une énergie de transition ? « Nous reconnaissons pleinement que la transition vers l’abandon de la combustion des sources d’énergies fossiles se fera au cours des prochaines années, sur la voie de la carboneutralité d’ici à 2050 », a indiqué son cabinet, dans une réponse écrite.

La demande pour le pétrole et le gaz est appelée à diminuer, a également fait valoir le bureau du ministre. « Une réduction agressive des émissions du secteur pétrolier et gazier est nécessaire pour la compétitivité du secteur et la santé de notre planète », a-t-on souligné, en réitérant la promesse du gouvernement de présenter cette année « un projet de règlement visant à plafonner les émissions du secteur pétrolier et gazier au rythme et à l’échelle nécessaires pour parvenir à la carboneutralité ».

L’an dernier, dans une réponse écrite à une question du Parti conservateur du Canada, le ministre Wilkinson avait soutenu que la transition « peut être accomplie sans un abandon du secteur pétrolier et gazier du Canada ». Il avait cité en exemple l’engagement de « carboneutralité » pris par les producteurs de pétrole des sables bitumineux. « Les changements climatiques ne sont pas dus aux énergies fossiles, mais aux émissions de gaz à effet de serre associées à leur production et à leur combustion », avait-il affirmé.

Le ministre du Travail, Seamus O’Regan, indique pour sa part que sa participation au congrès s’inscrit dans une volonté de soutenir les « travailleurs » de l’industrie, qui « sont les seuls à savoir comment réduire les émissions et développer les énergies renouvelables ».

À l’occasion d’un discours prononcé devant un parterre de représentants du secteur de l’énergie le 31 mai dernier, le ministre O’Regan a vanté le raccourcissement des délais dans lesquels les projets d’exploration sont évalués ainsi que l’approbation du projet Bay du Nord. « Ne me dites pas que l’économie verte exclut le pétrole et le gaz. Un avenir durable nécessite un mix énergétique », a-t-il souligné.

Quant au cabinet du ministre de l’Emploi et du Développement de la main-d’oeuvre, Randy Boissonnault, il souligne que l’industrie pétrolière et gazière demeure « un secteur clé de l’économie canadienne », notamment en Alberta. Dans ce contexte, le ministre juge important de rencontrer des dirigeants d’entreprises afin de discuter notamment des moyens de « réduire les émissions » de gaz à effet de serre.

À voir en vidéo