Course contre la montre au Maroc pour retrouver des survivants du séisme

Deux membres de la même famille s’étreignent dans le village d’Imi N’Tala, près d’Amizmiz, après le terrible séisme qui a frappé le Maroc vendredi.
Fadel Senna Agence France-Presse Deux membres de la même famille s’étreignent dans le village d’Imi N’Tala, près d’Amizmiz, après le terrible séisme qui a frappé le Maroc vendredi.

Les secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, ont redoublé d’efforts lundi pour retrouver d’éventuels survivants et fournir l’assistance à des centaines de personnes sans abri, près de 72 heures après le séisme.

Le séisme, le plus meurtrier dans le royaume depuis plus de 60 ans, a dévasté vendredi soir des villages entiers dans une région située au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech, faisant 2862 morts et 2562 blessés, selon un bilan officiel publié lundi.

L’épicentre de la secousse est situé dans une zone montagneuse du Haut Atlas, où les éboulements ont encore rendu plus difficile l’accès aux villages sinistrés.

Pour acheminer des vivres aux survivants du séisme dans les petites bourgades enclavées de la commune d’Ighil, entre autres, des hélicoptères font des allers-retours, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Les étroites routes de cette commune montagneuse étaient engorgées lundi par les ambulances et les voitures acheminant de l’aide, et les villages les plus proches de l’épicentre du tremblement de terre restent toujours inaccessibles en raison d’éboulements.

J’ai parcouru 15 kilomètres à pied depuis mon village, où on a beaucoup de dégâts, pour chercher des vivres. Nos enfants n’ont plus rien à manger.

« J’ai parcouru 15 kilomètres à pied depuis mon village, où on a beaucoup de dégâts, pour chercher des vivres. Nos enfants n’ont plus rien à manger », a confié à l’AFP Lahcen Aït Malik.

Aide étrangère

Le Maroc a accepté les offres de quatre pays d’envoyer des équipes de recherche et sauvetage : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis.

Selon des correspondants de l’AFP, des secouristes espagnols étaient présents dans deux localités frappées par le séisme au sud de Marrakech, Talat Nyaqoub et Amizmiz.

À Talat Nyaqoub, douze ambulances ainsi que plusieurs dizaines de véhicules tout-terrain de l’armée et de la gendarmerie étaient déployés. Non loin, une équipe de 30 pompiers espagnols, un médecin, une infirmière et deux techniciens se coordonnaient avec les autorités marocaines pour commencer les fouilles. « La grande difficulté réside dans les zones éloignées et difficiles d’accès comme ici, mais les blessés sont héliportés », a déclaré à l’AFP la cheffe de l’équipe espagnole, Annika Coll.

« Il est difficile de dire si les chances de trouver des survivants s’amoindrissent, car, par exemple, en Turquie, nous avons réussi à trouver une femme vivante après six jours et demi. Il y a toujours de l’espoir », a-t-elle ajouté. « Il est aussi important de retrouver les corps sans vie, car les familles doivent savoir et faire leur deuil. »

À 70 kilomètres plus au nord, une autre équipe de 48 hommes de l’Unité militaire d’urgence espagnole (UME) a établi un camp à l’entrée de la petite ville d’Amizmiz depuis dimanche soir. Dans le village, deux gros camions de l’armée marocaine distribuaient des centaines de couvertures à des habitants qui ont perdu leurs logements, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Ma mère est morte, sa maison détruite. Mon logement à Amizmiz n’est plus sûr, donc on dort dehors sous des tentes avec mes deux enfants de 4 mois et 6 ans », se désole Hafid Ait Lahcen, 32 ans. « Personne des autorités ne nous a proposé de relogement. On est complètement perdus », déplore ce travailleur du bâtiment.

Tombes et tentes

Dans plusieurs localités, des membres des forces de sécurité continuent d’aider à creuser des tombes pour les victimes, pendant que d’autres installent des tentes jaunes pour les sinistrés.

Dans le village isolé de Imi n’Talat, au sud-ouest de Marrakech, des bénévoles ont travaillé d’arrache-pied dimanche soir pour extraire des corps ensevelis sous les décombres, selon une correspondante de l’AFP. « Je suis venu pour prêter main-forte, car personne n’est là pour eux. On a sorti déjà six corps », explique Yassine Ait Addi, venu d’un village voisin.

Le séisme a atteint une magnitude de 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain). C’est le plus puissant jamais mesuré au Maroc.

Il est le plus meurtrier au pays depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960 : entre 12 000 et 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, avaient alors péri.

Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a présidé lundi une réunion consacrée notamment à la reconstruction des logements détruits dans les zones sinistrées. « Les citoyens qui ont perdu leur logement recevront des indemnités. […] Une offre claire sera annoncée prochainement », a-t-il déclaré. Selon lui, des solutions sont actuellement à l’étude pour les personnes sans abri.



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