Au Guatemala, le président élu dénonce un projet de «coup d’État» pour l’empêcher d’accéder au pouvoir

Le président élu du Guatemala, Bernardo Arévalo, et la vice-présidente élue, Karin Herrera, lors d’une conférence de presse dans la ville de Guatemala, vendredi.
Johan Ordonez Agence France-Presse Le président élu du Guatemala, Bernardo Arévalo, et la vice-présidente élue, Karin Herrera, lors d’une conférence de presse dans la ville de Guatemala, vendredi.

Le président élu du Guatemala, Bernardo Arévalo, a dénoncé vendredi l’existence d’un projet de « coup d’État » visant à l’empêcher de prendre le pouvoir en janvier après avoir remporté le scrutin du 20 août avec la promesse de lutter contre la corruption.

« Il y a un groupe d’hommes politiques et de fonctionnaires corrompus qui refusent d’accepter le résultat [du scrutin] et qui ont mis en place un plan pour briser l’ordre constitutionnel et violer la démocratie », a déclaré M. Arévalo lors d’une conférence de presse.

Le Tribunal suprême électoral (TSE) a suspendu lundi, à la demande d’un juge, le parti Semilla de M. Arévalo. Il avait alors dénoncé « un processus de persécution politique » contre lui et son parti.

Cette fois, il juge que « ces actions constituent un coup d’État promu par les institutions qui devraient garantir la justice dans notre pays ».

« En tant que président élu de la République, j’appelle […] tous les Guatémaltèques qui rejettent la corruption et l’autoritarisme à unir leurs forces pour défendre la démocratie », a insisté le social-démocrate.

Mercredi, le parlement guatémaltèque a mis fin au groupe de Semilla. En conséquence, ses cinq députés, dont M. Arévalo, ne pourront plus présider de commissions, ni participer à l’élaboration de l’agenda législatif. Lors de la prochaine législature, qui devrait prendre ses fonctions avec M. Arévalo à la présidence le 14 janvier, Semilla disposera de 23 députés.

« Si Semilla perd son statut juridique, la seule implication est que ses députés ne pourraient pas assumer leurs fonctions en tant que membres d’un groupe parlementaire, cela n’affecte pas l’investiture des députés, encore moins celle du président et du vice-président », a affirmé l’AFP l’analyste indépendant Luis Linares.

« Il se pourrait qu’ils utilisent [la judiciarisation] comme un élément de pression pour l’amener à négocier, mais sur des bases fallacieuses, pour leur donner l’impunité ou des quotas de pouvoir », a-t-il estimé.

Les États-Unis et l’Union européenne, par la voix de leurs chefs de la diplomatie, ont dit respectivement fustiger « les efforts déployés par le ministère public et d’autres acteurs pour suspendre le parti politique du président élu et intimider les autorités électorales » et être « préoccupé par les tentatives persistantes de saper les résultats des élections par des actions juridiques et procédurales sélectives et arbitraires ».

« Requête en annulation »

Mardi, l’avocat de Semilla, Me Juan Gerardo Guerrero, a indiqué à la presse avoir déposé « une requête en annulation » auprès du TSE.

Après le premier tour de la présidentielle le 25 juin, le juge Fredy Orellana avait déjà ordonné au TSE, sur demande du procureur Rafael Curruchiche, de suspendre le parti et d’enquêter sur des anomalies présumées concernant l’enregistrement de membres lors de sa formation en 2017.

Les États-Unis considèrent MM. Orellana et Curruchiche comme « corrompus ».

Le TSE n’avait pas suivi l’ordre du juge au motif qu’il est impossible de suspendre un parti en plein processus électoral.

La Cour constitutionnelle du Guatemala avait alors garanti la tenue du second tour à la date prévue entre les deux candidats qualifiés, M. Arévalo et l’ancienne Première dame Sandra Torres.

Le 20 août, Bernardo Arévalo était sorti largement vainqueur avec près de 60 % des suffrages. Son adversaire, elle-même vue comme une personne corrompue par de nombreux Guatémaltèques, a dénoncé une supposée « fraude » durant l’élection et n’a jamais reconnu sa défaite.

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