La Banque du Canada offre un peu de répit en stabilisant son taux directeur

Depuis un an et demi, la Banque du Canada procède à un redressement musclé des taux d’intérêt pour freiner l’économie et ainsi tenter de ramener l’inflation dans le milieu de sa fourchette cible, qui se situe entre 1 et 3 %. Un objectif dont elle se rapproche peu à peu.
Adrian Wyld La Presse canadienne Depuis un an et demi, la Banque du Canada procède à un redressement musclé des taux d’intérêt pour freiner l’économie et ainsi tenter de ramener l’inflation dans le milieu de sa fourchette cible, qui se situe entre 1 et 3 %. Un objectif dont elle se rapproche peu à peu.

Les détenteurs de prêts peuvent souffler. Après dix hausses du taux directeur en 18 mois, la Banque du Canada a décidé mercredi de faire une pause en le maintenant à 5 %. L’institution a jugé qu’une nouvelle augmentation n’était pas nécessaire pour le moment, mais garde ses options ouvertes pour les prochains mois.

Cette accalmie était pressentie par les économistes et largement attendue par les emprunteurs, qui espéraient un peu de répit. Le ralentissement de l’activité économique au Canada et la baisse de l’inflation au cours des derniers mois justifient une pause, selon la banque centrale.


 

Cependant, le conseil de direction de l’institution demeure « préoccupé par la persistance des pressions inflationnistes sous-jacentes », précise-t-on par voie de communiqué, et reste prêt « à augmenter de nouveau le taux directeur si nécessaire ».

Dompter l’inflation

Depuis un an et demi, la Banque du Canada procède à un redressement musclé des taux d’intérêt pour freiner l’économie et ainsi tenter de ramener l’inflation dans le milieu de sa fourchette cible, qui se situe entre 1 et 3 %. Un objectif dont elle se rapproche peu à peu.


 

En juillet dernier, l’indice des prix à la consommation (IPC) global au pays s’est établi à 3,27 % sur une base annuelle. Si l’inflation annuelle a largement diminué depuis son sommet de juin 2022 — elle était alors de 8,13 % —, la croissance des prix de certaines composantes de l’IPC reste encore très élevée. C’est le cas du panier d’épicerie, dont le coût était encore en hausse de 8,49 % en juillet par rapport à la même période l’an passé.

8,49 %
C’est la hausse du coût du panier d’épicerie en juillet par rapport à la même période l’an passé. Le panier d’épicerie fait partie des composantes de l’indice des prix à la consommation qui restent très élevées, malgré la diminution de l’inflation annuelle.

Paradoxalement, la hausse des taux d’intérêt, qui vise à mater l’inflation, l’alimente aussi dans le même temps en faisant grimper la facture hypothécaire des ménages de plus de 30 % sur un an en juillet.

Dans son dernier rapport sur la politique monétaire, la Banque du Canada indiquait que, selon ses prévisions, l’inflation devrait demeurer autour de 3 % au cours de l’année prochaine, avant d’atteindre la cible de 2 % au milieu de 2025.

Le politique s’en mêle

Au cours des derniers jours, les premiers ministres David Eby, de la Colombie-Britannique, et Doug Ford, de l’Ontario, ont tour à tour exhorté la Banque du Canada — une institution indépendante du politique — à mettre un frein aux hausses des taux d’intérêt.

Au Québec, le premier ministre François Legault a dit ne pas souhaiter « intervenir » dans les décisions de la Banque du Canada après que le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, lui a demandé d’emboîter le pas à ses homologues des autres provinces.

Dans une lettre adressée dimanche à la banque centrale, Doug Ford citait l’« impact dévastateur » que ses décisions ont eu « sur des personnes qui ont déjà du mal à s’en sortir ». Un argument repris par le chef du Parti québécois.

La prochaine annonce concernant le taux directeur aura lieu le 25 octobre prochain. La Banque du Canada publiera aussi son nouveau rapport sur la politique monétaire à cette date.

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