Legault veut 37 000 places de plus dans les services de garde «au plus sacrant»

Le premier ministre François Legault s'est engagé jeudi à créer 37 000 places en garderie d'ici 2025.
Photo: Jacques Boissinot Archives La Presse canadienne Le premier ministre François Legault s'est engagé jeudi à créer 37 000 places en garderie d'ici 2025.

Le gouvernement a annoncé jeudi qu’il prendra lui-même en main la construction de services de garde pour offrir des places à tous au plus tard en 2025, malgré les nombreux défis soulevés par la pénurie de main-d’œuvre.

« On veut que ça démarre au plus sacrant », a lancé le premier ministre, François Legault, après la présentation d’un projet de loi qui vise à améliorer l’accessibilité au réseau et à compléter son développement.

Il a annoncé la création d’ici mars 2025 de 18 000 nouvelles places, qui s’ajoutent aux 10 000 en cours de création et aux 9000 autres annoncées en août dernier. « Ça veut dire trois ans et demi. Je trouve ça beaucoup, trois ans et demi », a-t-il dit au sujet de l’échéancier pour compléter le réseau des services de garde. Il a souligné son intention de « suivre le dossier [lui]-même ». 

Le gouvernement bonifie son financement de 1,8 milliard de dollars sur quatre ans, le faisant passer à 3 milliards sur la même période.

Par l’entremise d’un projet de loi et d’un plan d’action, Québec veut faire passer de 80 à 100 le nombre maximal d’enfants qu’un centre de la petite enfance (CPE) peut accueillir. Il abolit aussi la limite quant au nombre d’installations qu’un CPE peut détenir, en plus de permettre aux services de garde d’accueillir jusqu’à 500 enfants par installation.

Il fait aussi sauter une série de verrous qui ralentissaient l’autorisation de nouvelles places. Mais attention, « ça ne veut pas dire que les règles pour les appels d’offres ne seront pas respectées », a assuré M. Legault. « Je pense que Sonia [LeBel] va être satisfaite », a-t-il ajouté, en faisant référence aux connaissances de la présidente du Conseil du trésor dans la lutte contre la corruption.

Pour accélérer les mises en chantier, le gouvernement veut se donner les moyens de construire des garderies et même « de gérer des places » là où les projets ne trouvent pas preneurs. Ensuite, « on pourra demander aux parents : qui souhaite former un conseil d’administration ? » a dit le premier ministre. Le gouvernement souhaite aussi inscrire dans la loi l’obligation « de développer des places en continu, là où on en a besoin », a souligné le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe.

Fin du « cauchemar »

Québec souhaite également revoir entièrement le guichet unique pour l’accès à un service de garde, La Place 0-5. L’outil actuel, « c’est un vrai cauchemar », a lancé le ministre Lacombe. D’ici deux ans, il souhaite proposer une liste d’attente qui permettra, d’une part, de prioriser l’accès aux enfants les plus vulnérables et, d’autre part, aux parents de connaître leur rang sur la liste d’attente.

Les « modalités fines » de ce guichet — la définition d’un enfant « défavorisé », le nombre de services de garde où il est possible d’inscrire un enfant ou la prépondérance d’un critère par rapport à un autre, notamment — seront établies dans les prochains mois. Chose certaine, la priorisation des enfants en situation de vulnérabilité sur le plan socioéconomique sera obligatoire, ont fait savoir des représentantes du ministère de la Famille. « C’est à la base de la création du réseau. On veut que ça revienne au cœur des priorités », a affirmé le ministre Lacombe.

Tour à tour, les représentants des garderies présents à l’annonce ont souligné que le manque de main-d’œuvre constituait un défi important pour l’atteinte des objectifs du gouvernement. D’ici à la complétion du réseau, il y manquera 17 800 éducatrices — qualifiées ou non.

Pour en attirer davantage, le gouvernement mise sur l’instauration d’un programme accéléré de formation en éducation en petite enfance et sur la reconnaissance des acquis du personnel non qualifié. Le premier ministre Legault a aussi dit vouloir « régler le plus rapidement possible » les négociations avec les syndicats représentant les éducatrices.

Québec continue par ailleurs la conversion de places en garderie non subventionnée (GNS) en places subventionnées. Des 70 000 places non subventionnées, 3500 seront « converties » dans un premier temps. « Après, on devrait aller chercher d’autres conversions. Mais en quelle année ? 2022 ? 2023 ? Il faut accélérer » les choses, a dit avec impatience Marie-Claude Collin, de la Coalition des garderies privées non subventionnées du Québec.

Comme il l’avait fait en milieu de semaine, François Legault a aussi confirmé l’intention de Québec d’augmenter le crédit d’impôt pour les parents dont les enfants sont en GNS.

En réaction au projet de loi, les libéraux ont souligné qu’il était « essentiel de garantir un droit au service de garde », comme ils l’ont récemment proposé. « On dirait que, dans l’esprit du ministre, c’est : “Construisez-les et elles viendront.” Il n’y en aura pas, de miracle, sans rattrapage salarial », a également déclaré la députée solidaire Christine Labrie. Véronique Hivon, du Parti québécois, a aussi dit craindre qu’on « n’arrive à rien » sans une valorisation, par le salaire et les conditions de travail, de la profession d’éducatrice en petite enfance.

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